mercredi 30 mars 2016

Prison de Saint-Brieuc - Semi-liberté : la désaffection

Largement supplanté par le placement sous surveillance électronique, le régime de semi-liberté n'est guère prisé par les détenus.

Le quartier de semi-liberté de la maison d'arrêt de Saint-Brieuc compte neuf...

Ce qui entraîne un curieux paradoxe au sein de la maison d'arrêt de Saint-Brieuc. Surpeuplé depuis toujours, l'établissement pénitentiaire affiche un taux de remplissage supérieur à 200 %, alors que son quartier de semi-liberté est... à moitié vide. 

« C'est dommage d'entasser les mecs d'un côté, alors que de l'autre il y a de la place. C'est un fait.

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Mais personne n'y peut rien, à aucun niveau de la chaîne pénale. Je n'ai aucune critique à faire à qui que ce soit ». Pierre Lemée est à la tête d'un établissement pénitentiaire qui abrite 151 détenus pour 68 places théoriques. Dans cette prison où la surpopulation carcérale apparaît comme un phénomène endémique, une partie du bâtiment est pourtant loin d'afficher complet : le quartier de semi-liberté (QSM). « Actuellement, il y a neuf détenus (*) pour 18 places. C'est déjà pas mal. Je suis là depuis cinq ans et nous en avons déjà compté beaucoup moins. Jamais davantage par contre », expose le directeur.

Pourquoi une telle situation ? D'abord parce que les détenus placés en semi-liberté ne peuvent pas côtoyer les autres. Les frontières entre la détention « normale » et le QSM ne sont pas perméables. Comme dans toutes les prisons françaises. « Notamment pour lutter contre les trafics en tout genre », indique Pierre Lemée.

Un placement par défaut

Pour ces détenus un peu particuliers, le rythme quotidien s'établit comme suit : sortir de détention le matin, passer sa journée à l'extérieur pour travailler, chercher un emploi ou se soigner, rentrer le soir, dormir en prison et recommencer le lendemain. « C'est parfois élargi aux week-ends ou sur des périodes courtes. Par exemple, pour permettre à des marins de partir deux ou trois jours en mer », précise Marc Merlin, directeur adjoint du service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) des Côtes-d'Armor.

« Pour placer des gens dans ce quartier-là, il faut une décision du juge d'application des peines. Mais dorénavant, c'est un placement par défaut », poursuit Pierre Lemée. « Et ce n'est pas la faute des magistrats. Ceux qui peuvent en bénéficier préfèrent presque tous le placement sous surveillance électronique (PSE) ».

82 détenus sous bracelet

Car aujourd'hui, lorsque le tribunal prononce une peine inférieure ou égale à deux ans de prison ferme (sans mandat de dépôt à l'audience), chaque personne condamnée peut demander un aménagement de sa peine au JAP. Et depuis la fin des années 2000, en France, aménagement de peine rime le plus souvent avec bracelet électronique. Les chiffres costarmoricains sont à ce titre éloquents : 82 détenus sont actuellement placés sous bracelet électronique contre trois en semi-liberté et six en placement extérieur.

« Ceux qui se retrouvent en semi-liberté sont là parce qu'ils n'ont pas d'hébergement, parce que nous devons garder un oeil dessus en raison de leur addiction à l'alcool et aux stupéfiants ou bien parce qu'ils sont en échec avec leur bracelet (non-respect des horaires notamment) », ajoute le directeur de la prison briochine.

« Pendant un long moment, il n'y avait plus de JAP en milieu ouvert à Saint-Brieuc. Tout un tas de dossiers n'ont pu être traités. Cela peut aussi expliquer le peu de détenus placés en semi-liberté », nuance la surveillante pénitentiaire Laëtitia Noiville, représentante du syndicat Force Ouvrière.
Le bon chemin vers la réinsertion

Malgré cette désaffection, Marc Merlin...

Le Télégramme

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