mardi 15 mars 2016

Huit ans de prison requis contre "le dentiste de l'horreur"

Huit ans de prison ont été requis contre le Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé «le dentiste de l'horreur», pour avoir mutilé des dizaines de patients à Château-Chinon dans la Nièvre.

Huit ans de prison ont été requis à l'encontre du "dentiste de l'horreur"

Celui qui est baptisé «le dentiste de l’horreur» sera bientôt fixé sur son sort. Huit ans de prison ont été réclamés lundi contre le Néerlandais Mark Van Nierop, accusé d'avoir mutilé des patients. Le tribunal correctionnel de Nevers rendra son jugement le 26 avril.


Les réquisitions de la procureur, Lucile Jaillon-Bru, ont fait écho à une expertise psychologique selon laquelle la personnalité du prévenu alliait «absence totale de compassion et cupidité».

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Selon la magistrate, qui a requis également une interdiction définitive d'exercer et le maintien en détention, les actes du Néerlandais n'étaient «pas des soins mais des violences dont le but ultime était d'obtenir des remboursements» de l'assurance maladie, avec pour conséquence un «désastre sanitaire».

Des mutilations sur 53 victimes

Sur une centaine de victimes, la procureur a retenu des mutilations pour 53 d'entre elles, demandant une requalification des faits pour 20 autres, notamment en «violences avec préméditation», et trois relaxes. «Il n'a eu que du mépris pour les gens du Morvan, déclarant qu'ils avaient des dents pourries», a-t-elle asséné en fustigeant «un homme qui n'assume rien», préférant «fuir» quand il doit répondre de ses actes.

Son procès a débuté le 8 mars. Tout au long, le Néerlandais de 51 ans, visage bouffi et vêtu du même pull bleu, s'est borné à répondre : «pas de commentaire» à l'évocation du cas de chaque plaignant.

Mercredi, au deuxième jour des débats, il avait toutefois reconnu être «responsable», avant de lâcher : «J'étais dans une situation psychique où les gens autour de moi ne m'intéressaient pas». Dans une plaidoirie de près de quatre heures lundi après-midi, son avocate, Me Delphine Morin-Meneghel a dit comprendre que son attitude «puisse être prise pour du mépris», considérant pour sa part qu'il s'agit d'une « glaciation des sentiments ».

"Il a besoin de paraître pour être"

«La problématique de Van Nierop, c'est qu'il a besoin de paraître pour être», a-t-elle ajouté. Ses belles voitures, achetées en leasing (ou crédit-bail); sa somptueuse maison, acquise à crédit; ses belles femmes, deux anciennes prostituées.

«Quand il perd tout matériellement, ça révèle au monde qu'il n'est rien, qu'il est vide intérieurement», a poursuivi Me Morin-Meneghel. «Certains actes pouvant paraître choquants sont en fait conformes aux recommandations» de la profession, a-t-elle plaidé.

L'avocate, qui a soutenu que «dans beaucoup de cas, les faits de violences volontaires n'étaient pas constitués», a ensuite passé en revue chaque plaignant en réclamant nombre de requalifications, de relaxes ou faisant valoir la prescription de certaines infractions.

"Entre 18 et 26 patients par jour" reçus au cabinet

Recruté par un chasseur de têtes, le dentiste s'était installé en 2008 à Château-Chinon, désert médical notoire. Dans son cabinet moderne, il pouvait accueillir «entre 18 et 26 patients par jour», selon lui. Il menait grand train, jusqu'à ce que les plaintes s'accumulent. En juillet 2012, il prétend avoir le bras paralysé après un accident domestique et ferme son cabinet.

Le 7 juin 2013, il est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Le 26 décembre 2013, sa compagne signale sa disparition et un mandat d'arrêt international est délivré à son encontre.

L'homme avait fui au Canada, où il est interpellé en septembre 2014, tentant alors de mettre fin à ses jours. Durant les investigations, il s'avèrera qu'il avait déjà fait l'objet de sanctions disciplinaires aux Pays-Bas après des plaintes.

Nicole Martin, présidente d'un «collectif dentaire» regroupant 120 plaignantes, s'est félicitée à l'issue du réquisitoire d'avoir «enfin été reconnue comme victime». «Nous sommes bien les victimes et non les hurluberlus du Morvan», a ajouté cette sexagénaire au franc-parler.

L'un des avocats des parties civiles, Me Charles Joseph-Oudin, qui a oeuvré dans la retentissante affaire du Médiator, s'était inquiété avant l'audience de l'indemnisation des victimes, le dentiste étant insolvable et son assurance ayant annulé son contrat - une décision de la cour d'appel de Bourges est attendue jeudi sur ce point. Lundi matin, l'avocate du liquidateur judiciaire de son cabinet a précisé que le passif de M. Van Nierop s'élevait à «1,3 million d'euros».

Paris-Match

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