C'est un sujet récurrent sur lequel la Ligue des droits de l'Homme tient à insister. Lundi 7 mars, elle dénonce les conditions de vie des détenus dans la maison d'arrêt de Seysses.
Des « matelas et des lits de camp qui se bousculent sur les sols des cellules », des détenus enfermés 22h/24 dans des espaces minuscules et une surpopulation qui dépasse 200%. Dans un communiqué en date du 7 mars 2016, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) dénonce des conditions de vie indécentes à la maison d’arrêt de Seysses, dans l’agglomération toulousaine.
“ La Maison d’arrêt compte entre 30 et 40 cellules, de 9 et 12m2, conçues pour une ou deux personnes, indique ainsi la LDH. À l’intérieur, trois détenus s’y entassent la plupart du temps. Au quotidien, la situation génère des frictions et des bagarres mettant en danger les détenus et les personnels. D’autant que les effectifs humains ne sont pas renforcés. ”
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« Chez les surveillants, les heures supplémentaires explosent (plus de 50 heures par mois pour de nombreux surveillants), tout comme les arrêts maladies », poursuit la LDH.
En 2012, un surveillant pénitentiaire s’était suicidé, avec son arme de service, dans un mirador de la maison d’arrêt.
« Ouvert en 2003, l’établissement pouvait alors accueillir 596 détenus dans des cellules individuelles ou destinées à deux personnes », poursuit le communiqué. Il en reçoit aujourd’hui près de 900.
Trois détenus dans 9m2
Et les faits ne sont pas nouveaux. En mars 2015, l’Observatoire international des prisons (OIP) tirait déjà la sonnette d’alarme : « Nous observons, à Seysses, un taux de surpopulation de 135%, avec 887 personnes incarcérées pour 655 places, tandis qu’un nouveau moratoire a été lancé sur l’encellulement individuel car il n’y a pas les moyens financiers actuellement », expliquait alors Delphine Payen-Fourment, coordinatrice inter-régionale Sud-Ouest à l’OIP.
Sur ce point, la Ligue des droits de l’Homme rappelle justement qu’en France, « les détenus sont soumis à une loi datant de 1875. Elle instaure l’encellulement individuel, principe qui signifie qu’un minimum de 11 m2 doit être assuré par détenu ».
Et de poursuivre : « Un État de droit ne peut se satisfaire de moratoires constamment reconduits pour repousser l’application d’un droit fondamental ». La Ligue des droits de l’Homme demande que « toutes les mesures nécessaires soient mises en place immédiatement afin de remédier à cette situation » et rappelle qu’ « avec de tels taux de surpopulation, la prison ne peut jouer correctement son rôle de réinsertion et devient, comme les statistiques le montrent, une machine à récidive ».
« N’oublions pas que ces gens sortiront un jour »
“ Avec un tel flux, la prison n’a pas le temps de traiter tout ce qui se passe à l’intérieur, analyse Thierry Ramond, président régional de la Ligue des droits de l’Homme. Les surveillants font ce qu’ils peuvent mais il y a un manque de personnel incroyable. Il est extrêmement difficile de répondre aux sollicitations des détenus et de mettre en place des mesures de réinsertion. ”
Une surpopulation « intenable » pour la Ligue des droits de l’Homme, qui y voit tout simplement un danger pour la société. « N’oublions pas que ces gens sortiront un jour et bien que nous ne soyons pas opposés à l’emprisonnement, nous ne voyons pas l’intérêt si les détenus sortent dans un état d’esprit pire que celui dans lequel ils sont entrés ».
Face à ce problème, « qui concerne l’ensemble des maisons d’arrêt du territoire », poursuit Thierry Ramond, « nous pensons que la politique pénitentiaire doit être revue dans son intégralité. Mais à un an de l’échéance présidentielle, nous ne voyons pas grand chose bouger ».
http://actu.cotetoulouse.fr
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