samedi 29 juin 2019

Val-d’Oise : Johann B. condamné à 20 ans de prison pour avoir brûlé vive Emilie

Johann B. a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir tenté d’assassiner sa fiancée, en 2007. 


Un soulagement pour la victime : « J’ai pu dire ce que j’ai vraiment ressenti. »

Emilie avait 20 ans à peine quand elle a été transformée en torche vivante. Ce vendredi, soit douze ans plus tard, la cour d'assises du Val-d'Oise a condamné son ex-fiancé, Johann B., à vingt ans de réclusion criminelle. Ce jeune homme de 34 ans, qui clame son innocence, a été reconnu coupable d'avoir tenté de l'assassiner, en la brûlant vive dans un accident de voiture simulé, au bord d'une petite route de campagne du Val-d'Oise.

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La cour a estimé qu'il l'avait bien aspergé d'alcool à brûler après avoir lancé sa Seat Cordoba contre un arbre, le 9 novembre 2007, à Châtenay-en-France, avant de mettre le feu. Le mobile étant la jalousie : elle voulait le quitter, il le savait, et elle dînait ce soir-là avec son nouvel ami pour la première fois.

« On nous a crus… » C'est un soulagement immense qui s'est emparé de la jeune femme, qui craignait avant tout de ne pas être entendue. « Justice a été rendue au bout de douze ans. Cela a été long. Quand il y avait eu le non-lieu (NDLR : en janvier 2017, avant que la chambre de l'instruction ne renvoie Johann B. devant les assises), je m'étais renfermée sur moi-même. J'avais perdu 5 kg en une semaine. Je voulais ce procès pour que je puisse m'expliquer. J'ai pu dire ce que j'ai vraiment ressenti. »

« Une première victoire dans le combat d'Emilie »

Elle serre ses parents dans ses bras, ses proches, son ami, après avoir craqué seule dans la salle d'audience, et confie qu'il lui restera un manque : « Je sais que je n'aurai jamais d'aveu. Il y aura toujours une partie de l'histoire qui va m'échapper. »

« C'est une première victoire dans le combat d'Emilie », réagit son avocat, Me Frédéric Zajac, qui évoque la perspective d'un second procès en appel. « Mais il est toujours douloureux de voir une personne partir en détention pour vingt ans… »

De fait, de l'autre côté de la salle d'audience, c'est l'abattement de toute une famille qui a fait corps, depuis douze ans, pour soutenir Johann B. qui a suivi l'annonce de la décision. Pendant de longues minutes, alors que les magistrats poursuivent l'audience et examinent le volet civil, l'accusé et sa compagne, mère de leurs deux enfants, restent debout, serrés dans les pleurs.

La cour d'assises a donc suivi exactement les réquisitions de l'avocat général : vingt ans de réclusion criminelle à l'encontre de Johann B. Il avait dressé le portrait d'un jeune homme manipulateur et narcissique, et décrit une tentative d'assassinat qui n'échoue que par l'arrivée impromptue de deux automobilistes, sur cette route déserte à 23h45. Pour l'accusation, Johann B. avait tenté de tuer Emilie en l'embrasant puis en l'étouffant avec un blouson. « J'ai senti qu'il allait m'achever », avait confié, vendredi dernier, la victime devant la cour, dans un témoignage poignant.

Les brûlures contredisent la thèse de la défense

L'avocat général n'a pas cru à la thèse de la défense, celle d'une bouteille d'alcool à brûler posée sur la banquette arrière, qui s'envole lors du choc contre l'arbre et vient s'ouvrir en s'écrasant contre le tableau de bord. Ce qui aurait produit, selon la défense, qui a présenté une série d'expertises privées pour le démontrer, un jet directionnel sur Emilie. Elle aurait pu elle-même allumer le brasier en manipulant un briquet. L'accusé était, lui, sorti de l'accident indemne de toute brûlure.

Au cours des deux semaines d'audience, la journée qui fut consacrée, mardi dernier, à l'examen des blessures d'Emilie, s'est révélée décisive. Elle a permis de situer tout en haut de l'échelle les souffrances endurées par la jeune femme, qui a subi cinq semaines de coma et 49 interventions chirurgicales, dont de nombreuses greffes et prélèvements de peau en d'autres parties du corps.

Des souffrances qui ont été évaluées à 7/7, le maximum, immenses comme son courage. Mais les experts ont aussi relevé des blessures en forme de coulures depuis le cou et dans le dos incompatibles avec la théorie de la défense. Ils ont surtout noté une brûlure derrière le genou gauche au 4e degré - une carbonisation - impossible selon son scénario.

« J’ai ouvert mon cœur », clame l’accusé

Pour Me Henri Leclerc, qui défendait l'accusé, la thèse de l'accusation n'était pourtant pas plus établie. « Interpréter les brûlures d'Emilie me paraît insuffisant pour dire qu'il a déversé une bouteille. La thèse de la bouteille qui explose sur le tableau de bord est possible. Celle d'un homme qui déverse une bouteille est une incertitude totale », a-t-il plaidé vendredi matin...

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