vendredi 21 février 2014

Lannemezan - Le détenu se prend pour un crabe et se bat avec ses geôliers

Il arrive dans le box avec une croix autour du cou et un tee-shirt à l’effigie de Barack Obama. L’accusé, d’origine haïtienne, comparaît au tribunal correctionnel pour avoir commis des violences sur deux surveillants du centre pénitentiaire de Lannemezan, le 8 janvier dernier.
 
C’est lors d’une fouille au corps réalisée par trois gardiens de prison, après la découverte d’un poinçon artisanal et d’un flacon d’urine sous le lit de sa cellule, en quartier disciplinaire, que le détenu s’est énervé, a donné des coups de poing à l’un et a mordu au doigt l’autre.
 
Des renforts ont même été sollicités. Il faut dire que le détenu est coutumier du fait. En plus des 18 ans de réclusion criminelle prononcés par la cour d’assises de la Guadeloupe, notamment pour vol avec arme et viol sous menace d’une arme, il a déjà été condamné par deux fois, notamment pour avoir jeté de l’urine sur un surveillant, si bien que sa sortie de prison ne devrait pas intervenir avant novembre 2035.
 
Pourtant, le détenu conteste les faits : non seulement il affirme que les armes ne lui appartiennent pas mais, en plus, il prétend qu’il a été agressé par les surveillants et qu’il s’est tout simplement défendu. Il dit qu’en se protégeant, il a bougé et que le doigt du surveillant est tombé malencontreusement dans sa bouche.
 
Pour expliquer son instinct de défense, il se compare à un crabe sauf que sa pince, c’était ses dents. Il estime aussi qu’il est injustement traité par l’administration pénitentiaire, ses demandes de revenir soit sur la région parisienne, soit aux Antilles pour se rapprocher de sa famille, étant resté lettre morte. Pourtant, l’homme détient un record de transfèrements liés en particulier à son comportement.
L’avocat de la partie civile précise habilement que les surveillants étaient équipés de bouclier et de gants anticoupure pour expliquer la violence de l’agression dont ils ont été victimes.
«Au lieu de faire profil bas au regard de son passé judiciaire, le détenu n’arrête pas de multiplier les infractions. Il a le rare privilège d’avoir fait le tour des centres pénitentiaires. Il ne faut pas que monsieur inverse les rôles en se faisant passer pour une victime», rappelle Mme le procureur de la République qui requiert une peine de trois ans de prison.
 
«Une réquisition sévère lorsqu’on analyse les faits, estime l’avocat de la défense qui demande la plus grande indulgence pour son client. Il y a eu des violences réciproques. Pour le jet d’urine, j’ai été le premier à dire que son comportement était inadmissible. Mais là, c’est tout à fait différent. Au moment où il se fait fouiller, il reçoit un coup. Il donne des coups parce qu’il en reçoit. Il n’a rien provoqué au départ.»
 
Le tribunal a condamné le prévenu à un an de prison.
 

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