dimanche 30 novembre 2014

Metz - Le jour où mon compagnon est parti en prison

De hauts murs se sont dressés entre elle et son compagnon, le 20 août 2013. Il est incarcéré à Metz-Queuleu pour un braquage, elle se sent comme prisonnière à l’extérieur. « On ne se fait jamais au rythme carcéral… »
C’est son compagnon qui est incarcéré à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu.    Pourtant, Déborah se sent coupée du monde.  Photo Karim SIARI
Ils attendaient ce moment où les gendarmes convoqueraient Merzak, condamné à 5 ans de prison sans mandat de dépôt par le tribunal correctionnel en 2011. Une attente interminable, insupportable.

Au bout du chemin, une cellule de quelques mètres carrés. Cinq ans à faire pour un braquage contesté à Folschviller. Une affaire datant de 2008 pour laquelle le jeune homme fera prochainement, une demande de révision. Merzak et Déborah ont vécu des mois sans projet en tête. « C’était même impossible d’organiser un simple week-end. Il y avait cette épée au-dessus de nous, capable de tomber à tout moment. On espérait en parallèle une suspension de peine avant une nouvelle enquête. » Vaine attente.

Les gendarmes ont frappé à leur porte à l’été 2013. Merzak est convoqué le 20 août. « Il était attendu à 14h30. Il a eu le temps de dire au revoir à la famille. A ce moment-là, tu sens que ton existence bascule, que nos vies s’envolent. »

« Il faut être fort pour l’autre »

C’est son compagnon qui est incarcéré à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu, mais elle se sent coupée du monde. « Au début, j’étouffais, j’étais groggy par tout ce bouleversement. Pendant trois mois, je n’ai pas pu le voir. Il a fallu tout ce temps et une enquête de moralité pour avoir un permis pour le parloir. Trois mois, une éternité. Alors on se rattache aux cinq minutes d’échanges téléphoniques par semaine. » Une bouée qui la maintient la tête en dehors de l’eau. « Dans ces moments-là, il faut être fort pour l’autre. Je me disais qu’il fallait lui remonter le moral, être positive. Ne surtout pas lui montrer combien c’est dur pour moi. » Comme remède à la morosité, la jeune femme se réfugie dans une émission de radio que ratent rarement les détenus mosellans.

« Je passe souvent des messages à Merzak par l’intermédiaire de l’émission Mur du son, sur Radio Jerico. Ça me fait du bien et je sais que pour lui, ça représente beaucoup. Ça rebooste, on se sent moins seule. » Une petite passerelle de deux heures entre deux mondes.

40 minutes et… le retour à la réalité

L’ambiance carcérale. Déborah vient y puiser un peu de chaleur auprès de celui qu’elle aime. Son parloir à Metz-Queuleu, c’est « le jeudi à 10h25.

Cela fait dix-sept mois qu’il est incarcéré mais en m’approchant des lieux, j’ai toujours la même angoisse. Je ne parviens pas à m’habituer à l’odeur, aux gens, au bruit des portes. C’est un endroit tellement froid. Et puis, j’ignore dans quelles dispositions se trouve Merzak. Est-ce qu’il est de bonne humeur, triste, énervé ? Je ne sais jamais. »

Leur tête-à-tête hebdomadaire dure quarante minutes. « Quand on est proche de la porte d’entrée, il y a une minuterie que l’on entend. Un décompte qui fait mal. » Dès qu’elle sonne, « c’est le retour à la réalité. On est condamné à sept jours d’attente avant de se revoir. »

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