jeudi 2 juillet 2015

Islamisme : faut-il vraiment isoler les détenus radicaux en prison ?

Alors que la contrôleuse des prisons, Adeline Hazan, juge inefficace le regroupement des détenus islamistes, le député Olivier Falorni considère cela nécessaire pour que la prison ne soit plus "un centre de formation pour apprenti jihadiste".

Après les attentats du mois de janvier, Manuel Valls avait notamment lancé l'idée de regrouper les détenus islamistes afin de les empêcher d'influencer d'autres prisonniers, qui pourraient potentiellement commettre des actes de terrorisme une fois dehors. Pression mentale, intimidation... les islamistes radicaux exercent une inquiétante influence dans les prisons françaises qui va bien au-delà des détenus incarcérés pour des faits à caractère terroriste.
Depuis octobre 2014, une expérimentation de ce type a d'ailleurs menée à la maison d'arrêt de Fresnes. 22 condamnés dans des dossiers terroristes ont été mis à l'écart dans une unité de prévention du prosélytisme. Cinq sont en cellule individuelle, 14 en cellules doubles et une cellule est triplée. Ils ont accès à la promenade deux par deux mais sont séparés des autres détenus. Ils participent avec les autres à certaines activités mais sans jamais être plus de trois dans un groupe. Ils peuvent communiquer entre eux et ont accès au parloir sans restriction.
 
Un effet démultiplicateur et aggravant
 
Dans un rapport publié mardi, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, s'est montré très critiqué sur cette initiative en pointant son caractère "potentiellement dangereux". Dans ses conclusions, elle estime que "le regroupement des détenus radicalisés présente des risques qui ne paraissent pas avoir été pris en compte, notamment la cohabitation de personnes détenues présentant des niveaux d'ancrage très disparates dans le processus de radicalisation". Selon elle, "le regroupement facilite le prosélytisme. Il y a un risque d'effet démultiplicateur et aggravant. On risque de créer des bombes à retardement".
 
Et elle n'est pas la seule à juger contre-productif le regroupement des détenus islamistes. La fondatrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam, Dounia Bouzar, voit elle l'opportunité pour ces prisonniers de renforcer encore leur radicalisme. "C'est la fusion au sein du groupe qui va encore plus leur donner de la force pour renforcer cette grille de paranoïa".
 
D'autant que "l'incrimination de terrorisme ne suffit pas à identifier tous les islamistes à Fresnes", souligne le rapport d'Adeline Hazan. Au centre pénitencier de Réau, en Seine-et-Marne, 60% de la population pénale a une pratique ostentatoire d'un islam rigoureux. Mais cette pratique touche plus les droits communs que les personnes détenues dans les dossiers terroristes.
 
Isoler les individus vecteurs de propagande
 
Alors, plutôt qu'un regroupement, certains prônent une "dispersion", une option déjà retenue en Grande-Bretagne ou en Belgique. Une ineptie répond le député divers gauche, Olivier Falorni. C'est le meilleur moyen de faire des prisons "des centres de formations pour apprenti jihadiste" selon lui.
Ce mercredi, sur LCI, il a détendu donc l'idée d'un regroupement...

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