Un détenu et un contremaître ont été condamnés par le tribunal à 4 ans de prison ferme pour avoir organisé un trafic de stupéfiants et de téléphones portables au centre pénitentiaire de Val-de-Reuil.
Téléphones portables, résine de cannabis, charbon à chicha ou encore gel coiffant... Ils avaient créé leur « épicerie » en prison, selon les termes utilisés par le substitut du procureur. Deux hommes de 30 et 49 ans ont été condamnés en début de semaine devant le tribunal correctionnel d’Évreux, à quatre ans de prison ferme.
Goran Abdelkader dit « Gogo » et Stéphane Debray surnommé « Le boss » sont poursuivis pour avoir mis en place un trafic de stupéfiants et de téléphones portables entre le 1er janvier et le 19 novembre 2015 au sein du centre de détention de Val-de-Reuil.
Liens commerciaux :
Après une carrière de gendarme, Stéphane Debray rejoint le centre de détention de Val-de-Reuil comme contremaître d’atelier. Il se lie d’amitié avec Goran Abdelkader, un détenu d’origine irakienne qui travaille à l’atelier comme contrôleur. Cet ancien passeur de clandestins a déjà passé 7 ans derrière les barreaux, loin de sa famille.
Téléphones, résine, gel...
Le jeune homme qui n’a aucune visite indique à son contremaître qu’il aimerait pouvoir joindre sa famille par téléphone. « J’ai été naïf et bien couillon, je pensais que c’était un ami. Je lui ai communiqué mon adresse pour qu’il se fasse livrer son téléphone portable à mon domicile. Je lui ai remis le téléphone à l’atelier pour qu’il puisse joindre sa famille et j’ai même ouvert une ligne téléphonique à mon nom que je payais tous les mois », balbutie l’ancien contremaître les larmes aux yeux.
« À partir de ce moment-là, vous saviez que vous mettiez le doigt dans un engrenage dangereux, que c’était parfaitement illégal, et en tant qu’ancien gendarme, vous savez pertinemment que les détenus ne sont pas des enfants de cœur », gronde le président.
Rapidement un second téléphone est déposé dans la boîte aux lettres de ce dernier, puis un troisième. « Au total, une dizaine de téléphones, de la résine de cannabis, de l’herbe jusqu’à cette fameuse savonnette pour laquelle vous vous êtes fait pincer », énonce le tribunal. Depuis le box, l’ancien contremaître explique : « Je n’avais pas le choix car j’ai reçu de nombreuses menaces ; j’avais peur pour ma famille et pour moi ».
Des surveillants mis en cause
« Gogo » est accusé d’avoir revendu la marchandise. « Ces deux-là ne sont pas les seuls maillons de ce trafic : quatre détenus et deux surveillants ont été mis en cause pour corruption.
Et si aucun d’entre eux n’est poursuivi aujourd’hui, car les écoutes téléphoniques n’ont pas permis de les impliquer, on peut s’interroger sur l’efficacité des surveillants lors du filtrage des personnes qui entrent dans l’établissement.
Car moi quand je passe le portillon avec mon téléphone, bizarrement le portillon sonne », s’agace l’avocate de Stéphane Debray. Elle réclame le renvoi de l’affaire devant un juge d’instruction afin d’établir précisément le rôle de chacun et pour juger l’ensemble des personnes impliquées dans ce trafic. Le tribunal les a finalement condamnés à 4 ans de prison ferme avec maintien en détention.
Paris-Normandie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire