Hier, à 14 heures, l'administration pénitentiaire de la maison d'arrêt Beausoleil a eu droit à une visite un peu particulière : celle de la députée socialiste Valérie Rabault, également rapporteur du budget à l'Assemblée nationale qui est venue...
à l'improviste accompagnée de ses deux assistants parlementaires. Une visite donc inopinée mais autorisée depuis l'an 2000 avec l'article 719 du Code de procédure pénale et qu'a voulu la députée après avoir été alertée mi-février par Pascal Rezzani, responsable du syndicat FO pénitentiaire à Montauban sur les conditions de travail et de sécurité au sein de l'établissement.
Sous-effectif et surpopulation
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«On compte 49 agents sur le papier mais il nous en manque 7 (longue maladie, départs à la retraite, mises à disposition et décès)», précise la directrice par intérim, Monia Ben Mustapha, et on a aussi 6 élèves stagiaires en fin d'études.»
«On est le même nombre d'agents qu'avant l'agrandissement de la maison d'arrêt en 2010, tient à souligner le syndicaliste. On est alors passé d'une capacité de 100 à 144 places. Et aujourd'hui, on a le même nombre de places mais pour 211 détenus».
211 dont 8 qui dorment sur des matelas qui jonchent le sol comme a pu le constater par ses propres yeux la députée lorsque la directrice par intérim a ouvert les portes d'une cellule. À l'intérieur, trois hommes dans à peine 9 m2.
«ça fait une semaine qu'on vit comme ça», déclare brièvement l'un d'entre eux avant de confier : «c'est vrai que ce n'est pas facile à vivre mais c'est comme ça.» «Les sortants n'arrivent pas à absorber le nombre d'entrants, justifie la directrice. En une semaine, on a près de six entrants pour trois sortants.»
Une surpopulation carcérale qui n'est pas nouvelle mais qui a encore augmenté depuis février. La raison ? «La recrudescence des courtes peines», explique-t-elle. Une situation incompréhensible pour Pascal Rezzani ainsi que pour la députée Valérie Rabault. «On sait qu'on a 3 000 places de libres en France», assure-t-elle. «Comme à côté, dans le secteur de Bordeaux», enchaîne le syndicaliste.
Résultat : «C'est de plus en plus tendu entre détenus, a-t-il constaté, à cause des trafics de plus en plus importants.»
Multiplication des jets de petits paquets
Un trafic difficile à endiguer. «Et avec l'installation d'un filet ?», interroge la députée.
«Je ne pense pas que ça arrêterait le trafic. Les gens qui lancent les petits paquets vers l'intérieur sont de plus en plus ingénieux. Certains utilisent des raquettes de tennis et lancent des balles où dedans ils y glissent les produits qu'ils ont envie d'envoyer de l'autre côté», répond Monia Ben Mustapha avant de partir chercher un sac qu'elle retourne au-dessus de la table : «ça, c'est ce qu'on récupère en une semaine alors je ne vous dis pas ce qui arrive à destination», indique-t-elle.
ça, ce sont 25 petits paquets avec à l'intérieur des stupéfiants comme du cannabis ainsi que des portables. Des produits qui arrivent aussi à destination par la grande porte et ce, malgré le portique.
Pour Valérie Rabault, une question se pose : les fouilles systématiques qui sont interdites (article 57). «On est en état d'urgence et je pense qu'on doit s'interroger», indique la députée qui a envoyé une lettre aux ministres de la justice et de l'intérieur. «La situation n'est pas catastrophique, nuance la directrice par intérim, mais bien sûr elle ne devrait pas être celle-ci... On attend du soutien». Du soutien pour que ça change...
La Dépêche
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