jeudi 21 juin 2018

Prison de Fleury-Mérogis : huit ans pour le détenu qui avait agressé un surveillant

L’agression d’un surveillant, tailladé de l’oreille au menton par un détenu le 21 février au bâtiment D3, avait déclenché une grève générale.


L’affaire n’a pas traîné. Malgré un renvoi d’audience, le détenu qui avait agressé un surveillant le 21 février avec une arme artisanale, le blessant gravement au visage, a été condamné ce mardi à 8 ans de prison par le tribunal d’Evry.



Une sanction particulièrement lourde lors d’une audience correctionnelle.

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Cette attaque avait déclenché un mouvement de grève spontané et massif au sein de la prison de Fleury-Mérogis. « Cette sanction me paraît à la hauteur de la gravité des faits », estime Me. Kayem, l’avocate de la victime.

Dans la partie du bâtiment D3, dédiée aux personnalités comme Salah Abdeslam le rescapé des attentats de Paris, ou aux détenus à risque, la surveillance est accrue. Ce jour-là, à l’ouverture de sa cellule, Francesco, âgé de 30 ans, avance calmement, puis, arrivé à hauteur d’un des deux personnels pénitentiaires mobilisés pour cette opération, lui lance « vous allez voir ».

« On voyait l’intérieur de la mâchoire »

Et il porte à Wilfried, qui travaille depuis près de 20 ans dans les prisons, un coup de lame au visage, le coupant profondément de la tempe au menton. « On voyait l’intérieur de la mâchoire, il y avait du sang partout », rapporte un témoin. La victime a été conduite en urgence à l’hôpital. Et 15 jours d’incapacité totale de travail (ITT) lui ont été prescrits. Des séquelles physiques restent visibles encore aujourd’hui, quatre mois après les faits.

Ce détenu était jusque-là en détention provisoire pour une tentative de meurtre sur son ex-compagne en mai 2017 à Paris. Lors d’une première expertise demandée à la suite de l’agression du surveillant, un expert psychiatre avait conclu à « l’abolition du discernement » à l’issue d’un unique entretien. Ce qui, du coup ne permettait pas de le juger. Une contre-expertise collégiale, réclamée par l’avocat de Wilfried a cette fois estimé qu’il était « totalement responsable de ses actes, malgré des troubles paranoïaques ».

A l’audience, Francesco a essayé d’expliquer son geste fou : « j’étais en colère car on n’écoutait pas mes demandes. » Des justifications qui ne tiennent pas, puisque l’intéressé a été reçu par des officiers qui ont reçu ses doléances et mentionné des propos inquiétants puisqu’il leur annonçait déjà quelques semaines avant le 21 février avoir envie de s’en « prendre à un surveillant ».

L’employé pénitentiaire qui a tenu lors de l’audience à décrire à nouveau la scène s’est montré très digne et calme. « Je vous pardonne », a-t-il glissé au détenu, transféré depuis à la prison d’Osny (Val-d’Oise). Mais Wilfried n’a toujours pas pu reprendre son travail. « Trop choqué par l’agression », martèlent ses collègues. Une audience sur intérêts civils prévue ultérieurement, permettra d’ailleurs de chiffrer exactement le montant du préjudice.

« 260 dossiers d’agressions de personnel pénitentiaire de la prison de Fleury sont encore en attente au pénal »

En récidive de violences à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique, Francesco a donc été condamné à 8 ans de prison ferme, mais il lui est également interdit de détenir une arme durant 15 ans...

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