Identifié grâce à sa coupe de cheveux peroxydés, ce Roumain de 31 ans a été jugé 11 ans après les faits. Mais en son absence, car évadé depuis cet été (de Nancy).
Le prévenu n'a pas regagné la prison de Nancy à la faveur d'une permission de sortie.
«J’aurais vraiment aimé qu’il soit là et que la justice me le confie quinze jours ! J’ai une entreprise de travaux forestiers et je l’aurais mis au boulot pour me dédommager ! » Onze ans après les faits et en l’absence de son cambrioleur, ce plaignant ne se fait guère d’illusion sur le remboursement des 173 € qui lui ont été dérobés. Tout comme les trois autres parties civiles qui, malgré le temps passé, ont tenu à assister à l’audience et déplorent l’absence des frères Bartus, Alin et Christian, deux ressortissants roumains poursuivis pour une série de 29 cambriolages commis en 2002 dans divers villages de l’agglomération bisontine.
Déjà dix ans aux assises
C’est la coupe de cheveux caractéristique du principal auteur des cambriolages, Christian Bartus, 20 ans à l’époque des faits, qui a permis de le confondre. Son éclatante brosse blonde ainsi que le véhicule cabossé avec lequel il se déplaçait avaient attiré l’attention de témoins. Son frère aîné avait été mis en cause dans la foulée pour complicités et recel.
Reste que ce n’est que des années plus tard, au gré d’une autre procédure en Suisse, que Christian Bartus va être interpellé. Avant d’être condamné en juin 2011 par la cour d’assises du Doubs pour un autre cambriolage qui a mal tourné et dans lequel un octogénaire a perdu la vie après avoir reçu un coup-de-poing.
Des faits pour lesquels il purgeait dix ans de réclusion lorsqu’il s’est évadé de la prison de Nancy en juillet dernier au bénéfice d’une permission de sortie dont il n’est jamais revenu. Sortie d’autant plus incongrue qu’il était sous le coup d’une interdiction définitive du territoire français (et ne pouvait donc alléguer des démarches en vue d’une réinsertion) et qu’il lui restait trois ans à purger.
« Ça fait froid dans le dos »
Son frère étant lui aussi en fuite, les victimes présentes ont tour à tour déploré l’absence des deux prévenus. « Je voulais seulement les avoir en face pour leur demander ce qu’ils ont fait à mon chien que j’ai retrouvé à moitié mort sur le canapé après leur passage », lance cette dame. Avant de rappeler la valeur sentimentale des objets de famille dérobés « qui ne pourront jamais être remplacés ».
Une autre décrit le traumatisme éprouvé en retrouvant sa maison sens dessus dessous. La quatrième dira la frousse rétrospective de savoir que son fils de 18 ans « était seul à la maison et les a mis en fuite. Quand on sait qu’un homme est mort à la suite d’un autre vol qu’ils ont commis, ça fait froid dans le dos ! ».
Rappelant que le produit de ces larcins servait exclusivement aux prévenus à s’acheter des vêtements de marque, la procureur de Curraize relève que les 29 vols ont été commis en seulement un mois et demi. Parlant d’une « délinquance d’habitude mais pas de nécessité, dans la mesure où ils étaient hébergés en famille », elle requiert respectivement un et deux ans d’emprisonnement avec mandat d’arrêt à l’encontre d’Alin et Christian Bartus.
Deux ans ferme et mandat d’arrêt
Pour la défense de ce dernier, Me Schwerdorffer déplore lui aussi son absence mais estime que « c’est aussi la faute de l’institution qui a laissé traîner ce dossier et n’a pas permis à mon client de bénéficier d’un procès équitable dans un délai raisonnable ». Et de souligner que l’intéressé « était primo délinquant à l’époque des faits » pour plaider une confusion de peine « au nom de la cohérence judiciaire ». Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet : deux ans ferme pour Christian Bartus, un an pour son frère Alin. Sachant que tous deux font désormais l’objet d’un mandat d’arrêt.
Est Républicain
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