L'homme avait été confondu avec un homonyme qui avait violé des enfants...

Un homme de 40  ans, emprisonné par erreur pendant plus de cinq mois  pour être  l'homonyme d'un violeur d'enfants condamné par contumace,  s'est vu  reconnaître son préjudice par l'Etat, qui lui propose 12.000  euros  d'indemnisation, a-t-on appris lundi de son avocat. Selon son avocat, cette décision est une première, car,  n'étant que  l'homonyme du condamné, l'homme ne pouvait théoriquement  prétendre à  une indemnisation: la loi ne prévoit officiellement de  dédommagement  qu'en cas de relaxe, d'acquittement ou de non-lieu.
«C'est certes une victoire, mais la somme proposée est  parfaitement  dérisoire: on se moque de nous», a dénoncé auprès de l'AFP  Me Frédéric  Berna, l'avocat de Mohamed Camara, un Français né à Conakry  (Guinée) en  1973, tout comme son homonyme condamné à 20 ans de réclusion   criminelle par contumace en 2001 par la Cour d'assises de Paris.
Victime d'un «choc carcéral»
Le calvaire de Mohamed Camara, qui réside aujourd'hui à Nancy,  avait  commencé en juillet 2001 dans un train Paris-Bruxelles, lorsqu'il   s'était fait arrêter en vertu d'un mandat d'arrêt international délivré   contre son homonyme. Il avait passé trois mois à la prison Saint-Gilles de  Bruxelles  avant d'être extradé vers la France, où il a passé deux autres  mois de  détention à la prison parisienne de la Santé. «Il a finalement été libéré le 31 décembre 2001 - contre  l'avis du  parquet- car les victimes et la famille du condamné ne le   reconnaissaient pas», a expliqué Me Frédéric Berna.
Le procureur général de Cour d'appel de Paris a ensuite admis  que la  décision de remise en liberté, «bien qu'elle ne soit ni un  non-lieu,  ni une relaxe, ni un acquittement», devait entraîner  réparation,  «l'esprit du texte devant l'emporter sur sa lettre».Après son incarcération, Mohamed Camara a par ailleurs développé  des  troubles psychiatriques, l'obligeant à arrêter ses études à   l'université de Nantes, où il poursuivait un deuxième cycle en sciences   humaines.
L'agent judiciaire de l'Etat, chargé de proposer une  indemnisation, a  reconnu un «choc carcéral important» au malheureux  homonyme, mais a  contesté un lien de causalité avec les problèmes  psychiatriques qu'il a  développés à la suite de son incarcération, et a  proposé 12.000 euros  de dommages et intérêts.
Son avocat réclamait 180.000 euros
«C'est fou! Pour 5 mois de détention, totalement indue, c'est  une  somme parfaitement ridicule», a dénoncé Me Berna, qui réclame  180.000  euros. En 2012, Mohamed  Camara avait d'ailleurs à nouveau été interpellé à   Thionville (Moselle), puis placé en garde à vue toujours en vertu du   même mandat d'arrêt européen, avant que la méprise ne soit reconnue par   les policiers.
La proposition d'indemnisation doit encore être confirmée par  une  décision du premier président de la Cour d'appel de Paris, qu'il  doit  rendre avant la fin de l'année.
En France, Christine Villemin détient le record relatif   d'indemnisation d'une détention indue, après avoir touché 410.000 francs   (environ 62.500 euros) pour ses 11 jours de détention provisoire en   juillet 1985, dans le cadre de l'affaire de l'assassinat de son fils   Grégory. Patrick Dils, condamné pour un double meurtre d'enfants en  1989  avant d'être acquitté en révision, détient le record absolu, avec  un  million d'euros pour 15 années d'incarcération.
 

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