jeudi 5 septembre 2013

LONGUES PEINES – A quoi ressemble Internet pour un prisonnier qui n’y a jamais eu accès ?

Dans la plupart des prisons américaines, l'accès à Internet est interdit, au mieux fortement limité, notamment aux e-mails (uniquement les textes), avec une liste vérifiée de contacts.
 
 
Le site Buzzfeed a interrogé quelques détenus, incarcérés pour de longues peines au pénitentier d'Etat de San Quentin, en Californie, qui n'ont pas connu l'émergence d'Internet, puis des smartphones, et s'en font une idée plus ou moins abstraite, notamment à travers la télévision et la presse. Cet état de fait est critiqué comme un obstacle à leur réintégration.
Selon un prisonnier anonyme âgé d'une trentaine d'années, Internet, "c'est comme des pages qui vous connectent sans fin à d'autres pages. Je sais [que sur Facebook] vous pouvez retrouver quelqu'un s'il publie le nom du lycée dans lequel il a étudié, en cliquant sur ce lien, mais ça n'a pas beaucoup de sens pour moi. J'ai vu des applications de téléphones mobiles dans le Ellen DeGeneres Show [émission du réseau NBC Universal]. C'est un bouton qui mène quelque part, comme une page Internet, mais plus rapidement".
 
Un ami de ce jeune homme a ouvert un profil à son nom sur Facebook, afin que ses anciens camarades de lycée puissent lui envoyer des messages. Il a reçu ces pages imprimées par la poste.
Une poignée de détenus de la prison de San Quentin ont suivi un programme d'initiation à Internet et aux start-ups, à travers des livres (sur papier), des présentations orales et des pages internet imprimées. Avant de suivre ces cours, "Je n'avais pas la moindre idée d'à quoi ça servait, dit Jorge Heredia, 37 ans, entré en prison en 1998. Je pensais que c'était simplement des sites où les gens se rencontraient et passaient leur temps libre."
 
On peut également lire sur le site américain Salon un long témoignage d'un ancien prisonnier, Michael Santos, et de sa découverte d'Internet à sa sortie de prison : "The Internet blew my mind".
En France, l'accès à Internet est officiellement interdit en prison. En juillet 2011, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, recommandait un assouplissement des règles d'accès des détenus à l'informatique. A l'époque, cinq prisons donnaient accès à Internet, sous la forme d'expériences à titre exceptionnel. En mars, à l'occasion de la publication de son rapport annuel, qui répétait cette demande, M. Delarue expliquait au Nouvel Observateur que l'accès à Internet, de façon surveillée, serait bénéfique pour le contact avec les proches à l'extérieur, pour apporter un certain calme en détention, comme instrument d'insertion pour rechercher un travail, un logement, et comme un instrument d'activité professionnelle.
 
Ces limites n'empêchent pas, cependant, les téléphones portables de circuler dans les prisons françaises, dont des smartphones (qui coûtent cher, un téléphone portable sans connexion internet commercialisé à 70 euros se négociant entre 200 et 300 euros en prison, selon une récente enquête du Monde). Certains détenus en ont utilisé par le passé pour publier sur Internet des vidéos d'altercations.

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