dimanche 8 septembre 2013

Taubira dit-elle vrai quand elle assure que l'"on a aggravé la récidive"?

La ministre de la Justice va présenter une réforme de la politique pénale censée lutter contre la récidive en évitant la prison à certains délinquants. Elle assure que les différentes lois entre 2002 et 2012 ont "aggravé la délinquance". Selon les chiffres de son ministère, elle dit vrai.   
Christiane Taubira
" On a aggravé la récidive "

Invitée de l'émission Des paroles et des actes jeudi sur France 2, Christiane Taubira a tenté d'expliquer les axes majeures de sa réforme de la politique pénale et notamment de sa volonté de lutter contre la récidive en évitant à certains futurs condamnés de faire de la prison. Facteur, selon elle, de récidive. Pour appuyer son propos, elle a ainsi assuré que le système actuel, avec les nombreuses lois judiciaires adoptés depuis dix ans, ont favorisé le phénomène : "On a aggravé la récidive", a-t-elle ainsi assuré.
 
"Les discours martiaux de ces dernières années ont consisté à dire: on les mettra tous en prison", a dénoncé la garde des Sceaux, en réponse aux critiques de la droite, désormais dans l'opposition, à l'égard de son projet de réforme pénale. Pour elle, en tenant ce discours, "on a fait en sorte qu'il y ait de nouvelles victimes", car l'intensification du recours à la prison a favorisé la récidive. La ministre s'en est notamment prise aux "effets des peines plancher", à savoir, selon elle, "une production inconsidérée d'années d'incarcération, mais surtout (...) un désordre considérable, des sorties sèches, avec des risques sur la récidive".
 
Dans le cadre de sa réforme, le ministère de la Justice a publié des chiffres qui viennent appuyer cette déclaration. Selon eux, le nombre de condamnés récidivistes (c’est-à-dire qui ont été à nouveau condamné, cinq ans après le début d'une première peine, pour des faits similaires) n'ont cessé d'augmenter ces dernières années.
 
Pour autant, est-ce que cette aggravation est due aux différentes lois adoptées, très fermes, durant cette période? Selon Rue89, qui a publié également ces chiffres en rappelant les dates d'adoption des différentes mesures, la concordance semble tenir.
 

 
 
Le site reprend également une étude de deux démographes, Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda, qui assure que la prison "crée" plus de récidives qu'une mesure d'accompagnement comme le bracelet électronique. Ce serait ainsi 23% des personnes que l'on a obligées à porter un bracelet qui commettent à nouveau un crime ou un délit dans les cinq ans qui suivent. Alors que 63% des prisonniers sont à nouveau punies par un juge dans les cinq ans qui suivent.
 

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