jeudi 14 avril 2016

Carcassonne - Derrière les murs de la maison d'arrêt, la tension est extrême

Le syndicat Ufap Unsa justice dénonce une surpopulation carcérale considérée comme historique.

«80% des détenus sont des multirécidivistes... autant dire que ce sont toujours les mêmes», confie un représentant syndical Ufap./ Photo DDM, archives.

 Ce qui entraîne insécurité, trafics en tout genre... et des tensions au sein de la maison d'arrêt de Carcassonne.

La surpopulation carcérale ! Un sujet récurrent s'il en est, mais aujourd'hui, les deux syndicats Ufap et Unsa justice qualifient la situation d'historique. Dans la quasi-totalité des maisons d'arrêts de la direction interrégionale de Toulouse, les syndicats constatent et dénoncent une surpopulation et un surencombrement.

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«Nous n'avons pas réellement d'explications tangibles», indique Stéphane Eynard pour Ufap-Unsa, «Une augmentation de la délinquance, des condamnations ?» s'interroge-t-il, «La loi Taubira qui devait permettre d'autres voies que celle de l'incarcération n'a pas eu les effets escomptés. À ceci, il faut ajouter des manques de moyens en aval pour la probation et l'insertion… et il y a actuellement 100 000 peines en attente d'exécution dans l'Hexagone», précise Stéphane Eynard.

À Carcassonne, la prison n'est plus la même

Cette surpopulation carcérale crée inévitablement des tensions, de l'agressivité, des violences, de l'insécurité autant pour les agents que pour les détenus. De Nîmes à Toulouse en passant par Perpignan, Béziers et Carcassonne des détenus couchent sur des matelas à même le sol jusqu'à 72 (dont dix femmes) à la maison d'arrêt de Nîmes.

Longtemps considérée comme une maison d'arrêt «familiale» tout a changé à Carcassonne. Dans cet établissement, les détenus attendent leur jugement ou devraient purger des petites peines et pourtant le climat s'est dégradé. «Il y a eu depuis quelques années, un changement total de physionomie de l'établissement», constate encore le représentant syndical, Stéphane Eynard.

«on travaille à 200 %»

«Sur 66 places théoriques, nous avons 115 lits pour 127 détenus», précise Franck Virlouvert, secrétaire de l'Ufap et agent pénitentiaire à la maison d'arrêt de Carcassonne, ce qui signifie aussi douze matelas à même le sol. «Qui dit surpopulation dit promiscuité, trois gars dans 9 m2 ça change tout», poursuit-il en indiquant que la maison d'arrêt de Carcassonne ne souffre pas de problème d'effectifs.

«Le plus difficile c'est la gestion des détenus, ceux qu'il faut séparer, ceux qu'il vaut mieux éviter qu'ils se croisent et tous ceux qui n'ont pas leur place ici, des gens qui n'ont pas le profil de maisons d'arrêts mais de centres de détention», dit encore le représentant syndical qui constate qu'un centre détention comme Bordeaux dispose de 300 places inoccupées. Une promiscuité synonyme de forte tension, de bagarres…

«Heureusement pour l'instant, les surveillants ne sont pas agressés, mais c'est limite. Mais nous travaillons dans des conditions difficiles à 200 % tous les jours, les gens sont épuisés à la fin de leur journée». Il faut ajouter que la surpopulation a aussi des effets néfastes sur la gestion des soins infirmiers, dentistes, psychologues…

Ce que les agents pénitentiaires appréhendent, c'est l'arrivée des grosses chaleurs qui, avec un surencombrement, démultiplient les moindres problèmes.

La Dépêche

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