L'avocate générale a requis ce lundi une peine de 22 années de prison assortie d'une période de sûreté des deux tiers contre le braqueur médiatique Redoine Faïd, selon elle organisateur du braquage avorté ayant coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet.
Contre trois autres hommes, Rabia Hideur, Daouda Baba et Olivier Tracoulat, ce dernier jugé en son absence, accusés directement du meurtre le 20 mai 2010 de la jeune femme à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), Maryvonne Caillibotte a demandé une peine de trente ans de réclusion.
Contre Malek Khider, arrêté le jour du drame, qui faisait partie d'une deuxième équipe de braqueurs, et qui était également jugé pour une autre attaque ratée de fourgon blindé, elle a requis 25 années de prison, jugeant que «le temps de la liberté n'était pas venu» pour ce multirécidiviste.
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L'avocate générale a tiré la même conclusion pour Redoine Faïd, appelant à le renvoyer pour longtemps derrière les barreaux afin de prévenir une nouvelle récidive du «caïd des cités» autoproclamé. Il en est à son troisième procès d'assises, et en attend encore un quatrième, pour une spectaculaire évasion en 2013.
Des peines «extrêmement lourdes mais à la hauteur de la gravité des faits»
Acide, Maryvonne Caillibotte a fustigé «l'inélégance» du prolixe braqueur, qui selon elle «n'assume rien», et moqué une carrière criminelle avec «beaucoup de déchets», de braquages ratés. Elle a requis des peines de huit années de prison contre Olivier Garnier et William Mosheh, qui ont joué un rôle logistique pour préparer l'attaque ratée de fourgon blindé du 20 mai 2010 ; et de trois ans pour Jean-Claude Bisel, qui avait veillé Olivier Tracoulat, gravement blessé, le soir même. L'avocate générale a toutefois demandé l'acquittement pour le neuvième accusé, Georges Mosheh.
Pour la mère d'Aurélie Fouquet, interrogé par «Le Parisien-Aujourd'hui en France» en marge de l'audience, «ce sont des peines méritées, extrêmement lourdes mais à la hauteur de la gravité des faits. Ca nous a confortés dans ce qu'on avait ressenti». Mais la mère éplorée tempère : «Ca ne nous donne pas pour autant le nom du tireur, c'est compliqué à vivre». Elle rappelle que les faits avaient eu «un effet dévastateur». Selon elle, Redoine Faïd «ne prend pas ses propres responsabilités».
La détermination sans faille de braqueurs décidés à «tuer pour fuir»
Maryvonne Caillibotte a livré pendant cinq heures un réquisitoire très méthodique, mettant en regard du faible nombre de preuves matérielles une accumulation d'indices tirés de la téléphonie, de la vidéosurveillance, de l'ADN et des liens personnels entre les accusés. Appelant les jurés à écrire tous les noms sur une feuille, elle a dit : «Vous verrez que c'est une étoile. Et qu'au centre il y a Redoine Faïd.»
Revenant aussi sur la loi du silence qui a régné sans faiblir au long de six semaines de procès, avec des accusés livrant selon elle des «fables» pour tout alibi, elle a lancé: «J'ai essayé de tout lister pour vous permettre de dépasser les silences.» Elle a opposé la «jolie vie» d'Aurélie Fouquet, brutalement interrompue, et la détermination sans faille de braqueurs décidés à «tuer pour fuir», mitraillant d'abord des policiers qui les suivaient sur l'autoroute, et ensuite le véhicule où circulait la jeune femme de 26 ans.
Le Parisien
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