samedi 16 avril 2016

Seysses - Les avocats d'un détenu dénoncent son suicide en prison

Mis en examen et incarcéré le vendredi, un homme de 47 ans est mort le week-end dernier après s'être pendu à la maison d'arrêt de Seysses. Ses avocats ne décolèrent pas.

L'homme s'est pendu quelques heures après son incarcération./ DDM archive illustration

Le drame, comme il s'en joue trop souvent dans les prisons françaises – 115 suicides en 2015 - date d'une semaine. Samedi dernier, vers 7 heures, un homme a été retrouvé pendu dans une cellule «arrivant» de la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.

Malgré l'intervention des surveillants, des médecins, cet homme âgé de 47 ans est mort le lendemain à l'hôpital. Il avait été incarcéré la veille, dans la soirée du vendredi 8 avril (lire notre édition du 12 avril).

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«Je n'ai pas souvent croisé la mort dans ma carrière, lâche Me Georges Catala. Sauf en 1976 quand Marcellin Horneich et Joseph Keller ont été condamnés à mort pour le crime d'Ondes devant la cour d'assises de la Haute-Garonne. Et cette fois... Ce suicide, je ne l'accepte pas !»

Me Catala : «La peine de mort existe encore !»

L'homme qui s'est donné la mort voilà une semaine occupait un poste à responsabilité dans une entreprise de la région. Lors d'une soirée début avril, il aurait agressé sexuellement une collègue de travail dans un bar du centre de Toulouse. La victime a déposé plainte pour viol et le suspect a été placé en garde à vue.

Après ses deux jours d'audition dans les bureaux de la brigade criminelle et des atteintes aux personnes de la sûreté, ce célibataire qui niait tout acte de pénétration était mis en examen et placé immédiatement en détention.

«Rien ne justifiait ce mandat de dépôt. Cet homme, fragilisé par les accusations et par 48 heures de garde à vue, disposait d'un métier, d'une habitation, de réelles garanties de représentation. Il n'allait pas disparaître et le doute, la présomption d'innocence devaient lui bénéficier. Un contrôle judiciaire suffisait largement. La prison sanction, pour punir, c'est inacceptable en 2016 dans un pays comme le nôtre», s'emporte Me Laurent Boguet qui a plaidé contre le mandat de dépôt devant le juge des libertés et de la détention.

Au parquet, le procureur Pierre-Yves Couilleau estime les réquisitions de mandat de dépôt conforme à la situation. «Cet homme devait être jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour des faits de la même nature très bientôt. C'est ce qui a motivé les réquisitions de mandat de dépôt.»

«Nous sommes face à des machines !, dénoncent de leur côté les avocats. Les juges oublient les hommes qu'ils ont face à eux. L'humanité disparaît. Les charges dans ce dossier demeuraient très contestables à nos yeux mais ce n'est même plus le sujet. En prison et on verra plus tard ! C'est une honte.» Les deux avocats estiment notamment que l'administration pénitentiaire «n'a pas joué son rôle. On ne peut pas jeter les gens en prison et les oublier.» Et Me Catala lâche : «La peine de mort existe encore dans notre pays ! Malheureusement, je l'ai de nouveau rencontrée.»

La Dépêche

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