Hier, la séance du tribunal a démarré avec quelque tension dans l'air.
Au moment où le prévenu, détenu à la maison centrale de Saint-Maur, arrive, menotté, dans le box des accusés, cinq à six policiers se déploient autour de lui et aux quatre coins de la pièce. Tous sont armés, casqués, et parés d'une tenue de protection.
Le dispositif est impressionnant, proportionnel au contenu du casier judiciaire du prévenu, âgé de 37 ans et originaire de Paris. « Vingt-six condamnations », informe le président du tribunal, Pascal Almy.
Beaucoup pour des faits de violence. Certains commis en détention, qui lui ont valu d'allonger sa peine à plusieurs reprises. Cette dernière devait prendre fin en 2039.
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Elle a été prolongée de dix mois supplémentaires, hier, pour de nouveaux faits de violence commis envers des surveillants de la prison d'Arles. « Vu votre casier judiciaire, vous n'êtes plus du tout accessible aux mesures de sursis », l'informe le président, à l'issue de l'audience, après que le prévenu lui a demandé, en vain, de « reconnaître » ses efforts.
Quelques minutes plus tôt, pour se défendre, il l'assure : « Je n'ai pas été violent depuis que je suis arrivé à Saint-Maur. Je prends sur moi, maintenant, même si le climat n'est pas bon pour autant. A l'époque, je n'y arrivais pas. »
Cette époque remonte aux mois d'avril à août 2014. A plusieurs reprises, il lance des crachats aux visages de trois surveillants de prison, à Arles, et profère menaces et obscénités. « En état de récidive légale », souligne le président, au moment de l'énoncé des faits.
Des faits qui sont intervenus après la dégradation d'une cabine téléphonique et la tentative, interdite, de faire passer du café et du sucre à un voisin de détention. « Il serait temps que vous ayez un comportement plus adéquat. »
" Il se sent victime de l'injustice "
Le prévenu commence par nier certains faits, avant d'avouer : « C'est vrai, j'ai craché. Mais je n'en pouvais plus, j'étais oppressé. Si j'ai fait ça, c'est pour une raison. Sinon, il faut que je finisse à l'asile.
Je suis à l'isolement depuis 2013. Les surveillants sont tous en tenue d'intervention. Je subis des mauvais traitements, des humiliations. L'administration pénitentiaire est prise de paranoïa contre moi. Je dois faire dix fois plus d'efforts que les autres détenus pour espérer être traité comme eux. »
Ce dernier argument n'a pas manqué d'être relevé par le procureur, pas vraiment convaincu : « Il se sent comme une victime de l'injustice. Mais s'il était un détenu modèle, pourquoi a-t-il été placé à l'isolement ? Il ne réagit pas à un acte. Il en est à l'origine. Il cherche à créer des problèmes. »
Ce sont donc dix mois de plus qui s'ajoutent à sa longue peine de détention, sans compter les 1.600 € qu'il devra verser aux victimes pour préjudice moral.
La Nouvelle République
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