jeudi 20 décembre 2018

A Strasbourg, Renaud W., le miraculé de l’unité d'élite de la pénitentiaire, porte plainte

Grièvement blessé lors d’un exercice, un super-gardien des équipes d’intervention de la pénitentiaire dénonce des fautes de sécurité et l’indifférence de l’administration.

A Strasbourg, Renaud W., le miraculé de l’unité d'élite de la pénitentiaire, porte plainte

Un jeune homme costaud et bien dans sa peau. C’est l’image que renvoie Renaud W. Une cicatrice qui se devine sous ses cheveux courts, montre cependant qu’il ne faut pas se fier aux apparences. 

Ce Mosellan de 29 ans est, en réalité, un miraculé. Le mot n’est pas trop fort. Il a réchappé à un accident qui aurait dû lui coûter la vie. C’était le 3 février 2017 dans le cadre de son boulot.

Renaud W. fait partie des ERIS, (équipes régionales d’intervention et de sécurité), l’unité d’élite de l’administration pénitentiaire, l’équivalent du RAID ou du GIGN. Et ce 3 février, il participe à un entraînement sur le site de l’ancienne manufacture de tabac de Strasbourg. Au programme : des descentes en rappel.

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Renaud W. est le premier à s’élancer dans le vide. Sa corde cède. Il fait une chute de 11 mètres. Il s’écrase en bas. Cassé. Mais vivant. Un miracle dont sa mémoire n’a conservé aucune trace : « Je me rappelle être dans une pièce avec mes collègues avant la descente. Après, c’est le black-out complet durant 24 heures. Mon souvenir suivant se situe le lendemain. Je me revois allongé sur un brancard dans un couloir d’hôpital avec ma compagne et mes parents effondrés autour de moi. »

Lui garde le moral et l’espoir de retrouver sa place au sein des ERIS. Malgré les 25 fractures dont il souffre. Aux pieds, à un poignet et surtout au niveau de la tête. Il a le nez enfoncé. Le front aussi. Il a fallu l’opérer, l’ouvrir d’une oreille à l’autre, pour lui mettre une plaque métallique.

« J’ai atterri sur mes pieds et c’est, ensuite, mon visage qui a heurté le sol. Le médecin m’a expliqué que c’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie. Le nez et les sinus ont fait tampon. Si j’avais tapé le sol avec l’arrière de la tête, ma boîte crânienne aurait explosé », confie le jeune homme.

« Il n’y a eu aucune enquête interne »

Presque deux ans après, il n’a conservé qu’une séquelle majeure de sa chute : il boite de la jambe gauche. Mais les blessures les plus profondes ne sont pas physiques. C’est un stress post-traumatique qui l’empêche actuellement de reprendre le travail. « Je fais régulièrement des cauchemars durant lesquels je tombe », confie Renaud W. qui doit être suivi par un psy.

Autre cauchemar, bien réel celui-là : il a le sentiment d’avoir été lâché par son administration. La justice a, elle, mené une enquête. Mais cela s’est soldé par un classement sans suite. L’avocat du jeune surveillant, Me Bertrand Marrion, dénonce pourtant plusieurs manquements aux règles de sécurité.

D’une part, plusieurs témoignages montrent que le moniteur en charge de la descente en rappel n’aurait pas voulu que ses hommes mettent des casques. D’autre part, le point d’ancrage de la corde était décalé par rapport à la descente. Enfin, aucune protection n’a été installée sur un rebord de fenêtre qui s’est avéré coupant et a cisaillé la corde...

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