samedi 15 décembre 2018

«Il faut cramer les flics» : prison ferme pour un Gilet jaune

Samedi 8 décembre, Lionel* a enfilé son gilet jaune pour l'acte IV de la mobilisation, et rejoint un petit groupe sur un rond-point de Laroque-d'Olmes. 

«Il faut cramer les flics» : prison ferme pour un Gilet jaune

Malgré le bon esprit de la manifestation, cet homme de 41 ans a tenu un discours choquant pour d'autres Gilets jaunes : «Il faut cramer les flics, prendre une Kalachnikov, tirer sur les CRS, être violent. Il n'y a que comme ça qu'on arrive à quelque chose en France», dit-il.



«Déjà le 1er décembre, vous aviez menacé de “cramer” une gendarme de la brigade de Lavelanet», a raconté le président du tribunal, Hervé Barrié, lors de l'audience du prévenu, hier, devant la chambre correctionnelle de Foix.

Des Gilets jaunes ont réagi

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Hervé Barrié s'est appuyé sur les témoignages de Gilets jaunes de Laroque-d'Olmes qui, face aux propos dangereux et répétés du prévenu, ont alerté les gendarmes à proximité du rond-point où ils étaient postés. Interpellé trois jours plus tard à son domicile, où un fusil a été saisi, Lionel a reconnu les faits du 8 décembre.

«Jamais je ne passerai à l'acte, je l'ai dit sur le ton de l'ironie. Je tiens à m'excuser envers les forces de l'ordre», a déclaré le prévenu, qui a ensuite durci le ton face aux juges, ce qui lui a valu un rappel au calme.

«Comment expliquez-vous ces propos et que vous vous retrouviez ici alors que vous êtes sous le coup d'un sursis ?» a demandé Hervé Barrié. «C'est la société, le système, qui m'a rendu comme ça», a répondu Lionel.

«Mais le RSA que vous percevez tous les mois, c'est la société qui vous le verse, non ? Vous critiquez mais vous profitez du système social», lui a asséné l'un des assesseurs.

Sans emploi, le prévenu a expliqué avoir terminé une mission d'intérim en 2015, puis plus rien : «C'est comme ça, ils prennent les gens pour travailler, et ils les jettent. Puis ils recommencent avec d'autres», s'est indigné Lionel, dont le casier judiciaire est déjà garni de 10 condamnations, certaines pour outrages.

Kennedy, Vian et le rap…

«Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays, a dit le procureur, Jean-Paul Lescat, citant J.F. Kennedy dans son réquisitoire. À vous de vous assumer, ne mettez pas tout sur le dos de la société».

Il a ensuite défendu les forces de l'ordre : «Elles sont sur la brèche depuis trois ans. On a vu jeudi soir qu'un simple policier a été capable de détruire un terroriste à Strasbourg. Les autres Gilets jaunes vous ont dénoncé car vous déconsidérez leur mouvement», a ajouté Jean-Paul Lescat, demandant 8 mois de prison ferme.

L'avocate de Lionel, Me Émeline Andrieu, s'est elle aussi prêtée au jeu des citations, commençant son plaidoyer avec «Le Déserteur», de Boris Vian. «De tout temps, on a écrit sur le système. Dans le rap, Ministère amer a chanté “Sacrifice de poulet”, Sniper que “la France était une garce”… Ils n'ont pas été condamnés. Leur liberté d'opinion a été reconnue, et eux avaient un public. Mon client s'est juste exprimé face à un petit groupe de Gilets jaunes, il n'est pas monté sur une chaise. Vous ne pouvez pas le condamner», a plaidé l'avocate.

Le «Gilet jaune» a écopé de 6 mois de prison ferme, payant aussi son lourd casier. Le sursis dont il faisait l'objet a été en partie révoqué, portant la peine finale à 9 mois d'emprisonnement, avec maintien en détention.

*le prénom a été modifié

La Dépêche


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