dimanche 16 décembre 2018

Comment la prison lutte contre l'islam radical

Les moyens mis en place en prison pour repérer les détenus dangereux ont permis de déjouer des attentats.

Comment la prison lutte contre l'islam radical

C'est une affiche accrochée au mur d'une cellule, le portrait de l'homme le plus recherché du monde à l'époque : Oussama Ben Laden.



Nous sommes en 2008 et, déjà, dix ans avant son passage à l'acte qui a provoqué la mort d'au moins quatre personnes mardi à Strasbourg (Bas-Rhin), Cherif Chekatt ne cache pas son attirance pour l'islam radical prôné par le fondateur d'Al-Qaida.

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À cette date, le jeune résident du quartier du Neudorf effectue l'un de ses premiers séjours en prison. Et il n'est connu que pour des faits de délinquance de droit commun.

Huit ans plus tard, il est fiché S et compte parmi les détenus de droit commun susceptibles de radicalisation (DCSR), en raison de son prosélytisme djihadiste.

Plusieurs attentats déjoués grâce à ce dispositif

Mille soixante-dix-sept prisonniers entrent aujourd'hui dans cette dernière catégorie, alors que seulement 518 personnes sont incarcérées pour des faits de terrorisme.

Selon l'administration pénitentiaire (AP), Cherif Chekatt avait toutes les caractéristiques du profil le plus inquiétant, ciblé par les recruteurs de l'islam radical en détention : jeune, fanatisé, capable de passer à l'action violente.

Les détenus répondant à ces critères sont désormais placés sous l'étroite surveillance des quelque 300 agents du bureau central de renseignement pénitentiaire (BCRP). Ce service, consacré aux activités définies par la loi du 3 juin 2016, peut recourir à toutes les techniques du renseignement pour prévenir le terrorisme.

Les écoutes téléphoniques, notamment grâce à un Imsi-catcher, appareil permettant l'interception des conversations sur mobile, favorisent le recueil d'informations. Mais les sources humaines restent encore les plus efficaces. Elles représenteraient entre 80 et 90% du "matériel" collecté.

Toutes sortes de détenus collaborent ainsi pour des motivations variées. Certains escomptent un avantage matériel. D'autres dénoncent spontanément ceux qu'ils estiment dangereux.

Il y a même des salafistes, hostiles à la violence, parmi les informateurs les plus fiables.

Les délégués locaux du renseignement pénitentiaire, affectés à chaque prison, se chargent ensuite de vérifier les confidences de ces sources.

 Si elles se confirment, des dossiers sont transmis jusqu'à des cellules interrégionales pour traitement. Selon l'AP, qui ne souhaite pas donner plus de précisions, plusieurs attentats ont été déjoués grâce à ce dispositif.

Le BCRP appartient à la communauté du renseignement et échange avec les autres services : direction générale de la sécurité intérieure, renseignement territorial, etc.

JDD




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