lundi 3 décembre 2018

La prison de Villepinte fait école en Ile-de-France

Des dispositifs expérimentés dans cette prison qui n’échappe pas à la surpopulation carcérale vont être appliqués ailleurs, comme le module Respect, en place depuis deux ans.

La prison de Villepinte fait école en Ile-de-France

Le savoir-faire pénitentiaire de la Seine-Saint-Denis inspire les autres prisons d’Ile-de-France.



« Si on peut le faire à Villepinte, on peut le faire partout », résume Laurent Ridel, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris, présent à la maison d’arrêt vendredi dernier pour l’installation de la nouvelle directrice.

« Respecto », pour favoriser la réinsertion. Parmi ces mesures, le module « Respect »*, mis en place depuis deux ans à Villepinte, une première en France. Et ce malgré une prison pleine à craquer, avec 1 100 prisonniers pour 586 places, soit trois par cellule, sans douche, avec des parloirs saturés, des listes d’attente pour le service médical…

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En 2016, la directrice fait le pari de créer malgré tout ce module inspiré du modèle espagnol « Respecto ». Il permet aux détenus (prévenus et condamnés) qui filent droit d’avoir plus de liberté entre les murs : promenade à volonté en journée, parloirs privilégiés, accès au sport… A condition de s’astreindre à un programme d’activités fixes, complété par d’autres à la carte. Au moindre écart, c’est un retour en détention ordinaire.

Un pari sur la réinsertion. Et un effet sur le niveau des violences, qui a littéralement chuté dans le bâtiment où est menée l’expérience. Le programme, qui est aussi en cours au Centre de détention de Melun (Seine-et-Marne), devrait faire son entrée à Bois-d’Arcy (Yvelines) et Osny (Val-d’Oise) en 2019, ainsi que dans un cinquième établissement qui n’est pas encore annoncé.

A Villepinte, il a fallu convaincre les organisations syndicales, trouver des volontaires et procéder à une réorganisation des quartiers de la prison. Deux ans plus tard, l’administration annonce une liste d’attente de plus de 100 candidats pour le bâtiment E dédié à ce module. « Pour qu’il soit mis en place, ce projet doit être porté par la direction, une neutralité bienveillante des personnels et organisations syndicales », note Laurent Ridel, saluant l’aide de l’Etat à hauteur de 150 à 200 000 €.

« On ne peut que se satisfaire de cette logique de responsabilisation qui aide les hommes à retourner dans la société civile. Mais il faudrait qu’elle profite à beaucoup plus de détenus », estime Valérie Grimaud, bâtonnier de Seine-Saint-Denis.

Des codétenus de soutien contre le suicide. Un dispositif de lutte contre le suicide est en place à Villepinte depuis 2009. Ainsi, ils sont une dizaine de prisonniers volontaires, sélectionnés et suivis par la Croix Rouge, à pouvoir être placés en cellules avec des détenus dont la fragilité a été repérée.

Une expérimentation qui pourrait prochainement être mise en place à Fleury-Mérogis (Essonne), prison secouée par une inquiétante vague de suicides cette année.

*Le module Respect est également testé depuis juillet au sein du quartier pour mineurs. A la prison de Villepinte, qui regroupe uniquement des hommes, quarante places sont réservées à la détention des mineurs. Dix participent à l’expérimentation.

UNE NOUVELLE DIRECTRICE VENUE DU SUD

Elle est arrivée de Provence cet été pour prendre la direction de la maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, à Villepinte. Anne-Lise Maisonneuve, 40 ans, a officiellement été installée vendredi dans ses fonctions.

Elle a précédemment dirigé le centre de détention de Tarascon, avant de rejoindre la direction de la maison d’arrêt d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en tant qu’adjointe. Elle est présentée comme « discrète, rigoureuse, brillante, déterminée et calme » par son administration.

« C’est un établissement formidable avec une cohésion des personnels qui forme une belle synergie », dit-elle après quelques semaines en poste.

Un établissement « en surchauffe »

Villepinte est décrit par l’administration pénitentiaire comme un établissement « difficile », « en surchauffe », du fait de la surpopulation notamment (près de 200 % d’occupation), mais aussi de la jeunesse des détenus, et des profils variés de prisonniers, radicalisés pour certains.

Mais depuis deux ans la prison attire les majors de promotion de l’école de formation des surveillants, souligne l’administration pénitentiaire, qui voit là un signe de la réussite des politiques menées, notamment par l’ancienne directrice, Léa Poplin.

Cette dernière a quitté l’administration pénitentiaire pour rejoindre le ministère de l’Intérieur, comme sous préfète.

*Les centres de détention accueillent des personnes condamnées à une peine supérieure à deux ans et qui présentent les meilleures perspectives de réinsertion sociale. Les maisons d’arrêt (il y en a 86 en France) emprisonnent les prévenus (en attente de jugement ou dont la condamnation n’est pas définitive) ainsi que les condamnés dont la peine ou le reliquat de peine n’excède pas deux ans.

Le Parisien





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