mercredi 11 septembre 2013

Réforme pénale - Taubira entame un "tour de France" d'explication

Pantin - La ministre de la Justice Christiane Taubira a entamé mardi à Pantin (Seine-Saint-Denis) une tournée "d'explication" de sa future réforme pénale par une rencontre avec des professionnels de la justice, élus locaux et associations, a constaté l'AFP.



Plusieurs réunions du même type doivent voir lieu d'ici la présentation du texte en conseil des ministres le 2 octobre, notamment à Agen, Rennes ou Bordeaux, d'autres réunions restant à fixer, a précisé l'entourage de la ministre. 

Devant un parterre d'environ 200 personnes, la ministre a tout d'abord défendu pendant un peu plus de 30 minutes la philosophie de cette réforme "extrêmement importante", qui propose une "série de dispositifs visant à prévenir la récidive et favoriser la réinsertion" des délinquants. 
 
"J'aurais tort de me priver de la diversité de vos interrogations" autour du texte, a ajouté la garde des Sceaux pour expliquer le choix de se lancer dans ce "tour de France", avant de répondre à une série de questions du public. 
 
Elle a estimé qu'il n'était "pas simple (de porter ce projet) à un moment où la société française a été endoctrinée, s'est habituée à la pensée unique selon laquelle la prison est la seule solution", mettant en cause dix années de politique de droite en la matière. 
 
"Il y a des situations nombreuses, nous le savons, où la prison n'est pas la peine adaptée. (...) Et il y a des situations où la prison est nécessaire, y compris les très courtes peines", a-t-elle lancé, défendant le principe de "l'individualisation" de la réponse pénale. 
 
La ministre et sa réforme ont été une nouvelle fois mardi la cible de la droite qui a mené une charge contre la politique sécuritaire du gouvernement, s'appuyant sur des chiffres, contestés par le gouvernement, de la délinquance publiés par le Figaro. 
 
Interrogée par les journalistes sur les propos de Jean-François Copé, président de l'UMP, qui a accusé les socialistes de faire "remonter la délinquance en arbitrant pour la ligne (Christiane) Taubira", la ministre a simplement lâché: "Je n'ai rien à répondre à des inepties". 
 
Pendant les échanges avec la salle, Mme Taubira a notamment été interpellée par la bâtonnier des avocats de Seine-Saint-Denis, Robert Feyler, sur le projet controversé de salle d'audience "délocalisée" pour les sans-papiers dans des locaux gérés par la police aux frontières (PAF) à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, auquel s'opposent le barreau de Bobigny et des associations de défense des droits de l'homme.  
 
Le bâtonnier s'étonnant que "ce soit la gauche qui fasse aboutir un tel projet", Mme Taubira a tout d'abord rappelé que le projet était hérité de la précédente majorité et assuré "ne pas vouloir de polémiques de cette nature". 
 
Mais elle a ensuite laissé percer des réticences. "Le lieu où l'on rend la justice n'est pas anodin. Mais mon ministère n'est pas le seul impliqué et il y a un certain nombre de choses en cours". Et de conclure, après avoir évoqué d'autres sujets qui pouvaient faire débat: "Alors si vous n'êtes pas d'accord, dites-le", déclenchant de vifs applaudissements. 
 
A l'issue de la rencontre, la ministre a assuré devant la presse que "c'est avec confiance et optimisme que j'entame ce tour de France". "Je sais que c'est moi qui ai raison de faire confiance à la société", a-t-elle dit. 
L'Express

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