jeudi 31 mai 2018

Le plus vieux détenu de France libéré vendredi

Enfin la quille pour Michel Cardon, 67 ans, après plus de quarante ans derrière les verrous.

Le plus vieux détenu de France libéré vendredi

Michel Cardon, 67 ans, le plus vieux détenu de France, sortira ce vendredi de sa prison de Bapaume (Pas-de-Calais). 

Condamné en 1977 à perpétuité pour meurtre, il a passé plus de quarante ans derrière les barreaux, et n’a eu son premier parloir qu’après trente-huit ans de détention, en août 2016. 

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Un ancien codétenu qui avait promis de lui rendre visite.

L’affaire a été révélée par la Voix du Nord, le quotidien régional. Un avocat parisien s’émeut de la situation, et va le voir : «Il ressemblait à une iconographie de Robin Crusoé», avec barbe et cheveux longs, raconte Me Eric Morain, lors du colloque sur la prévention de la récidive organisé ce jeudi à Lille. «Il a été victime d’un AVC, a des problèmes d’élocution et ne voit plus d’un œil. Quand je lui ai demandé, est-ce que vous voulez que je vous aide à sortir de là, il m’a tout de suite dit oui.» Ce qui n’est pas une évidence pour les longues peines.

François Bès, à l’Observatoire international des prisons, se souvient, lui, d’un homme atteint d’un cancer qui a refusé de sortir de prison : «Il voulait mourir avec ses proches, et ses proches étaient devenus les détenus et les surveillants.»

C’est l’effet de bascule des peines de plus de trente ans : «Ils font un tour de France des établissements pénitentiaires, et ceux qui auraient un peu de liens familiaux ou amicaux les perdent», observe Me Morain. Michel Cardon, avant d’arriver à Bapaume en 1996, a connu ainsi sept ou huit centres de détention, entre autres Fresnes, Caen, ou Clairvaux.

Sans relais extérieur, sans avocat pour le défendre, il n’a pas été entendu : «Il est descendu trois fois au greffe pénitentiaire et a coché la case demande d’une libération conditionnelle. Mais il n’y a pas eu d’examen individuel, c’était à chaque fois un copier-coller de la même réponse», affirme l’avocat. Ce qui est contraire au droit.

«Normalement, chaque personne qui formule une demande doit avoir un entretien avec un conseiller d’insertion et probation pour évaluer la situation, note François Bès. Mais dans énormément d’établissements pénitentiaires, les détenus ne voient pas ces conseillers, qui sont en nombre très réduit.» Pour lui, Michel Cardon n’est pas un cas isolé : «Ils ne sont pas des milliers, mais potentiellement quelques centaines.»

Le 30 mars, le tribunal d’application des peines d’Arras a enfin examiné le cas de Michel Cardon : «Les juges avaient conscience de l’enjeu individuel et sociétal, et ont requis en droit et en humanité la libération conditionnelle», souligne l’avocat. Il ne dira pas la même chose du service d’insertion et de probation, qui avait trouvé une place pour Michel Cardon dans un Ehpad, un établissement pour personnes âgées dépendantes, à Bapaume.

«Il m’a dit "je ne veux pas me retrouver avec des vieux, j’ai surtout besoin de respirer."» François Bès rappelle que les services de probation connaissent «une vraie galère...

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