mercredi 30 mai 2018

Sortie de prison de personnes radicalisées : "Nous avons des maillons extrêmement serrés", affirme Nicole Belloubet

La ministre de la Justice a répondu, mercredi sur franceinfo, à la préoccupation exprimée par le procureur de Paris sur la sortie de prison de détenus radicalisés. 

Sortie de prison de personnes radicalisées : "Nous avons des maillons extrêmement serrés", affirme Nicole Belloubet

Nicole Belloubet se dit "lucide, mais dans l'action plus que dans l'inquiétude".



La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, invité mercredi 30 mai de franceinfo, a réagi aux propos du procureur de Paris, lundi, sur la sortie de prison des personnes radicalisées, après l'exécution de leur peine. Elles constituent "un risque majeur", a relevé François Molins. La garde des Sceaux s'est dite "lucide, mais dans l'action plus que dans l'inquiétude".

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"On ne peut que partager ce que dit et ce que pense François Molins. Je pense toutefois que nous avons mis en place une série de moyens opérationnels qui nous permettent de penser que nous sommes en mesure de suivre ces personnes qui sortiront de détention", a répondu Nicole Belloubet. "Nous ne sommes pas là dans une science exacte", a-t-elle tempéré.

Une sortie "préparée"

Nicole Belloubet a détaillé les mesures mises en place avant la sortie de prison d'une personne radicalisée. "Le service de renseignement pénitentiaire suit ces personnes, prépare leur sortie, remplissent des fiches extrêmement précises qui sont, au moment de la sortie, communiquées aux autres services de renseignement et notamment à la sécurité intérieure", a déclaré la ministre de la Justice.

"Lorsque que cette personne est à l'extérieur (...), les services de renseignement intérieur ne la lâche pas. Autant on ne peut pas maintenir en prison quelqu'un qui a terminé sa peine autant nous sommes en mesure de la suivre de manière extrêmement étroite pour que, dès lors qu'il y a le moindre écart, il puisse à nouveau être judiciarisé", a-t-elle déclaré. "Nous avons des maillons aussi bien du point de vue de la loi que du point de vue des services de renseignement extrêmement serrés et c'est sur cela que nous travaillons", a indiqué Nicole Belloubet.

"500 terroristes islamistes en prison"

La garde des Sceaux a fait un état des lieux des détenus radicalisés dans les prisons françaises : "En détention, il y a un suivi particulier de ces personnes radicalisées. On compte à peu près 500 terroristes islamistes qui sont en détention et à peu près 1.200 détenus radicalisés. Les 40 personnes qui vont sortir dans les deux années sont des détenus radicalisés", a-t-elle précisé.

En détention, ces personnes "sont suivies de manière soutenue", a ajouté Nicole Belloubet, évoquant une expérimentation menée à Lille : un processus de lutte contre "l'engagement violent" appelé à "être démultiplié". "Une prise en charge individuelle avec un suivi pendant de longues semaines, avec des éducateurs, des psychologues", a-t-elle expliqué. "Les premiers résultats que nous avons semblent plutôt positifs" mais "je suis extrêmement modeste", a précisé Nicole Belloubet.

Accès des élus au fichier FSPRT : une réflexion va être "lancée"

"A titre personnel, je ne suis pas favorable à ce que les élus aient un accès direct" au fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT)", a déclaré la garde des Sceaux. Emmanuel Macron a évoqué la semaine dernière la possibilité d'ouvrir "un dialogue" avec les maires dans le cadre d'une "charte" quand une personne fichée FSPRT vit dans une commune. "On peut imaginer des procédures de dialogue avec les préfets" (...) "On peut imaginer un système d'information réciproque", a indiqué la ministre de la Justice. "Il ne faut pas que ce dialogue (...) contrevienne à l'exercice des libertés que nous devons faire respecter", a-t-elle insisté.

Nicole Belloubet a rappelé que l'accès aux fichiers S et FSPRT "est autorisé à un certain nombre de personnes : le préfet, les services d'enquête, de renseignement et également certaines administrations. L'administration de l'Education nationale peut avoir un accès à ses fichiers". "On va lancer" une réflexion sur le sujet. Cette "procédure" peut se mettre en place de façon "assez rapide", selon la ministre.

Manifestants jugés "complices" des casseurs par Gérard Collomb : le mot qui dérange

La garde des Sceaux, n'aurait pas utilisé le "mot complicité" en parlant de la passivité des manifestants face aux casseurs comme l'a fait le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. "Si on veut garder demain le droit de manifester (...), il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s'opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe", a-t-il déclaré samedi sur BFMTV. "Ce n’est pas le mot que j’aurais employé. Je n'emploierai pas le mot complicité", a réagi Nicole Belloubet, "pour autant je sais la difficulté d’une interview."

"Dans une interview, il est toujours possible d’avoir un mot qui ne soit pas exactement conforme à ce qu’exigent les règles de droit et je n’en tiens évidemment pas rigueur au ministre de l’Intérieur", a-t-elle conclu.

Franceinfo



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