samedi 8 mars 2014

Tarbes - «Je ne me rends pas compte»

Il est des métiers qui se trouvent pris dans l’imaginaire comme réservé aux hommes, ou aux femmes. À l’occasion de la journée de la Femme, Marie, surveillante pénitentiaire, montre de tout son naturel que ces temps sont révolus.
 
Marie, surveillante pénitentiaire, et Stéphane Lebecque./Photo Joël Boyé.
 
Derrière l’imposante porte bleue de la maison d’arrêt de Tarbes. Il y a des prisonniers. Mais surtout l’impression de rentrer dans un monde morose, où les sourires laissent place au vide, au lugubre. Alors, quand Marie (1) s’avance, ça tranche.

Sous ses cheveux bruns courts, on découvre de jolis yeux clairs, qui inspirent confiance. Il y a, un peu plus bas, ce sourire. Un sourire loin des standards hollywoodiens, mais franc. Teinté de joie, de bonheur, éclatant de confiance et de gaieté. Il n’y a guère que son uniforme qui trancherait de sévérité.

Marie a 49 ans. Sans enfant, elle n’est pas mariée. «C’est un peu plus facile par rapport à nos horaires de travail», avoue-t-elle. Cela fait 26 ans qu’elle est gardienne de prison.

«J’aime ce métier», dit-elle. On le devinait au sourire qu’elle arbore. Elle a connu de nombreuses maisons d’arrêt, majoritairement dans des quartiers réservés hommes. De la Santé, au centre pénitencier de Rennes, de Privat à Pau puis à Tarbes où elle est en poste actuellement.

Tout a commencé à l’âge de «22 ans et demi».

«Mon copain de l’époque était surveillant. Il m’a inscrit au concours, j’ai été reçue», explique-t-elle en toute simplicité.

Car, pour elle, c’est normal, d’être surveillante de prison. Il semblerait même qu’elle ne se soit jamais posé la question.

«Je ne vois pas de différence entre homme ou femme. Les femmes, nous sommes sûrement un plus dans le dialogue. Il y a plus de respect, on désamorce les bombes.»

Lorsqu’il se passe un incident, certains de ses collègues masculins sont tentés de la ménager. «Je ne veux pas de différence, même s’il y en a qui le font. Je n’ai pas à être traitée différemment», explique-t-elle.

«Elle a du caractère, et quand ça arrive, elle vient vous le dire», avoue Stéphane Lebecque, adjoint au chef d’établissement de la maison d’arrêt de Tarbes. Homme ou femme, ça lui «est égal». Avec Marie, il n’a jamais vu de différence avec les autres surveillants.

Si elle, qui qualifiait sa première expérience en tant que surveillante de «géniale», ne considère pas son métier comme un milieu d’hommes, elle reconnaît quelques spécificités à être femme.
«Dans des établissements pas habitués à travailler avec des femmes, il faut prendre sa place», confie Marie. «Il faut montrer que vous valez autant qu’un homme et que personne ne fera votre boulot.»

Si elle a majoritairement travaillé dans des quartiers réservés à la gent masculine, «sans jamais avoir d’appréhension», c’est parce qu’elle «aime son travail». «Avec les filles, c’est gnangnan, il y a moins de chichis chez les hommes», déclare-t-elle en souriant. Un sourire, décidément bien gardé.

(1) Le prénom a été modifié à sa demande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...