vendredi 17 juillet 2015

Plusieurs plaintes déposées pour « violences » à la prison de Fleury

En avril dernier, Younesse, un détenu de 40 ans incarcéré pour braquage à Fleury, a décidé de porter plainte pour violences aggravées. Il a décidé de raconter son histoire dans les médias et d’expliquer les raisons de sa plainte. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes.

L'entrée de la prison de Fleury. (LS/EI)
  
Les violences de certains surveillants sur les détenus de la prison de Fleury sont-elles monnaie courante ? Le 22 mars dernier, soupçonné de détenir un téléphone portable, le prisonnier est fouillé.

Après avoir trouvé l’objet sur lui et emmené ce dernier au quartier disciplinaire, cinq surveillants de la prison l’auraient en effet déshabillé et roué de coups, lui fracturant même des vertèbres. Des blessures constatées par le médecin de la prison, et qui pousseront Younesse à porter plainte. Le procureur de la République d’Evry a été chargé de l’enquête judiciaire, et l’inspection des services pénitentiaires a lancé une enquête interne.

Par la suite, comme encouragées par cette première démarche, deux autres plaintes pour « violences aggravées contre X » ont aussi été déposées, dont l’une émanant d’un ancien détenu. Ce dernier aurait subi des humiliations, ainsi que des coups à la tête, dans les mêmes conditions que Younesse : après une fouille, au quartier disciplinaire.

« Ce sont des choses qui ne s’inventent pas, insiste François Korber, délégué général de l’association Robin des lois. Il y a des dépositions, des témoignages. Et tout ça se passe dans le plus grand quartier disciplinaire d’Europe. Plus jamais, en prison, des choses comme ça ne doivent se passer. »

 Même si, admet-il, « ce genre de plainte a très peu de chances d’aboutir. » Parlant même « d’atteinte aux libertés fondamentales », il lance aujourd’hui un appel aux prisonniers ou anciens prisonniers (sortis il y a moins de trois ans) victimes de ce type de violences pour qu’ils contactent l’association. « Ce n’est pas évident de porter plainte quand on est enfermé. Et, en prison, il n’y a pas de cellule psychologique pour les victimes », déplore-t-il.

« Je compte sur la Justice »

Younesse lui, « sort de son silence » pour que ça cesse, et parce qu’il « sait que cela est arrivé à trop de gens ». « Il faut que ça aille au tribunal. Je compte sur la Justice. Beaucoup, ce sont des banlieusards, ne porteront jamais plainte et ils le savent. » Sur RMC, dans l’émission Bourdin direct, le détenu parle depuis la prison. Entre « brimades » et « mesures de rétorsion », il serait devenu le souffre-douleur d’un groupe d’une dizaine de surveillants.

L’association Robin des lois envisage, après une lettre envoyée à la directrice de la prison, un recours en référé auprès de la Garde des Sceaux pour obtenir le transfèrement de Younesse dans une autre prison que celle de Fleury, où il s’estime en danger après sa plainte. Une pétition a été lancée par l’association pour obtenir ce transfert. De son côté, le défenseur des droits a aussi été saisi de ce dossier.

« Nous ne voulons pas faire le procès de tous les surveillants de prison, tient à préciser François Korber. Certains nous ont aidé. Mais il y a eu des dérapages. » Une constatation partagée par Younesse : « Vous savez, il y a de bonnes équipes, qui ont certaines valeurs et qui ne sont pas comme eux. »  

De son côté, l’administration pénitentiaire n’a pas encore souhaité réagir dans les médias. Elle attendra pour cela les conclusions de l’enquête de l’Inspection des services pénitentiaires.   

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