jeudi 29 novembre 2018

Paris : 250 surveillants de la prison de la Santé disent « Je le jure ! »

Devant le procureur de la République de Paris, deux cent cinquante agents de la pénitentiaire ont prêté serment.

Paris : 250 surveillants de la prison de la Santé disent « Je le jure ! »

Une marée humaine bleu sombre coiffée d’une casquette Administration pénitentiaire, deux cent cinquante très solennels Je le jure !, le discours du tout nouveau procureur de la République, le président du tribunal de grande instance, les magistrats, la directrice de la prison de la Santé...



Ce jeudi midi, deux-cent-cinquante personnels de surveillance et administratifs de la prison de la Santé (XIVe) — qui avait fermé cinq ans pour travaux et rouvrira officiellement le 7 janvier prochain — ont prêté serment dans une des grandes salles d’audience du palais de justice flambant neuf de la porte de Clichy (XVIIe).

Les futurs gardiens mis à l’honneur

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«C’est un moment fort de cohésion avec la maison Justice, mis en place depuis 2009, un moment pour rappeler aux agents leurs devoirs, le code de déontologie et pour qu’ils soient fiers de leur métier», résume Laurent Ridel, le directeur interrégional des services pénitentiaires.« La société française n’assume pas assez ses prisons, regrette-t-il et n’apporte pas toujours assez de considération à ses surveillants.»

Le métier de surveillant — payé 1500€ nets en début de carrière — « est nerveusement l’un des plus difficiles », insiste Laurent Ridel. Et de rappeler la population difficile « grand banditisme, terrorisme, suroccupation, jusqu’à 200% dans certaines prisons, gardiens qui ont 80 a 100 détenus par étage ».

D’ici quinze jours, Marie-Claude et ses collègues — originaires de toute la France métropolitaine et beaucoup des Outre-mer — intégreront la prison entre la rue de la Santé et le boulevard Arago (XIVe) pour des « marches à blanc », avant qu’elle ne fonctionne à plein régime.

En 2019 deux nouvelles vagues de détenus

En juillet dernier, la Santé avait rouvert partiellement et discrètement pour accueillir dans une aile rénovée quatre-vingt-dix détenus en semi-liberté, au grand dam des riverains. Pendant ces cinq ans, ils avaient fini par oublier qu’ils habitaient à côté d’une prison...

En janvier, 700 détenus arriveront, désengorgeant les prisons de Fresnes (Val-de-Marne), Fleury-Mérogis (Essonne) et Villepinte (Seine-Saint-Denis). En avril prochain, c’est une nouvelle vague de 900 détenus qui occupera les cellules toutes neuves — quelques-unes individuelles, larges de 9 m2 (à la place de 6 m2 dans l’ancienne) — toutes équipées de douche, télé, petit frigo et plaque de gaz. ... Laurent Ridel souffle : «A la Santé, on passe de l’ombre à la lumière ».

MARIE-CLAUDE, AGENT À LA PRISON DE LA SANTÉ

Cette femme de 42 ans a prêté serment ce jeudi et a obtenu le poste qu’elle voulait : la prison de la Santé.

De sa Guadeloupe natale, Marie-Claude avait déjà entendu parler de la « mythique prison de la Santé » à Paris, « avec Michel Vaujour (détenu évadé grâce à un hélicoptère piloté par sa femme, NDLR) et Mesrine » (NDLR : le braqueur).

Alors c’est ce poste dans cette prison d’hommes, que cette agent de la Pénitentiaire, 42 ans, mère de famille, a choisi, demandé et obtenu.

A l’origine, Marie-Claude travaillait dans une association aux Antilles qui s’occupait de personnes âgées. « J’ai un ami qui, travaillait pour l’administration pénitentiaire. Il m’a conseillé de passer le concours — quatre heures d’épreuve — des questions de culture générale et un compte rendu sur des questions sociétales et de sécurité ».

Marie-Claude décroche le concours en 2007. Débarque en Île-deFrance, passe par l’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire puis par des stages.

« J’en ai fait un aux Baumettes, à Marseille, au quartier des femmes. J’ai dû faire la fouille au corps à deux petites jeunes, tout juste majeurs. Elles étaient toutes petites. Ça m’a touché. Je me suis dit Je ne pourrai pas travailler chez les femmes ».

La Santé, Marie-Claude, qui y a fait des stages et travaillait avant les travaux, lui a plu. « Bonne ambiance. J’avais envie de rester à Paris. Et quand on voit la cour d’honneur, on n’a pas l’impression d’être en prison mais dans un monument historique. La Santé, c’est beau ! ».

DE MESRINE EN PASSANT MAURICE PAPON OU BERNARD TAPIE

La Santé a toute une histoire, criminelle, patrimoniale et people ! Avant 1889, c’est un couvent. Puis la Santé récupère les prisonniers de la Grande-Roquette qui vient de fermer, avant leur exécution capitale ou en attendant leur transfert au bagne de Guyane. La prison, 7 ha au cœur de Paris, a accueilli dans ses cellules les écrivains et poètes Guillaume Apollinaire, Léon Daudet, Jean Genet, le braqueur Mesrine, le criminel antisémite Fofana, du gang des barbares, Guy Georges, le tueur en série et violeur de la Bastille.

Son quartier VIP que l’administration appelait pudiquement le « quartier des particuliers » avec ses cellules flanquées de deux fenêtres, promenade spéciale, salle de musculation, table de ping-pong, jeux de société, magazines… et la possibilité de se promener librement dans les couloirs a vu Maurice Papon, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, le fils de l’ancien président de la République, Jean Christophe Mitterand, l’homme d’affaires Bernard Tapie, le tradeur Jérôme Kerviel, l’acteur Samy Naceri, le chanteur Cheb Mami, le rappeur Booba, le commissaire de police Michel Neyret…

Le Parisien




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