lundi 20 janvier 2014

Indonésie - le détenu français Michaël Blanc a été libéré sous conditions

Michaël Blanc, le plus ancien Français détenu en Indonésie, a été remis lundi en liberté conditionnelle après 14 ans de prison. «Il est sorti de prison. Il a signé les papiers de sa libération», a indiqué sa mère, Hélène Le Touzey, installée en Indonésie depuis l'arrestation de son fils, et qui attendait sa libération ces dernières heures avec impatience et angoisse.                                        
 
Le Français Michaël Blanc et sa mère, Hélène Le Touzey, à la prison de Cipinang, le 19 avril 2011 à Jakarta
 
«Je suis heureuse, heureuse, heureuse», a déclaré Hélène Le Touzey à la sortie de la prison de Cipinang, dans le sud de Jakarta. Michaël Blanc n'a pas voulu faire de commentaires, «trop sous le choc», a-t-elle ajouté, jointe dans une voiture qui la menait de la prison à trois bureaux administratifs, où l'ancien détenu doit effectuer des formalités.

La libération sous conditions de Michaël Blanc avait été approuvée dimanche et il était «libérable» à partir de ce lundi mais Hélène Le Touzey se voulait très prudente en raison des dernières démarches administratives. Michaël «croit sans y croire», indiquait-elle peu avant sa libération. «Il est angoissé. Il n'y croira pas vraiment tant qu'il ne sera pas dehors», ajoutait-t-elle avant de s'engouffrer dimanche soir dans la prison de Cipinang.

Le Français, âgé de 40 ans, avait été arrêté le lendemain de Noël 1999 à l'aéroport de Bali avec 3,8 kilos de haschich dans deux bouteilles de plongée. Il avait affirmé qu'elles appartenaient à un ami qui les lui avait confiées pour les transporter. Il avait été condamné à la perpétuité le 16 novembre 2000, une peine jugée très sévère en France et qui avait suscité une importante campagne médiatique. Finalement, la condamnation était commuée en décembre 2008 à 20 ans de prison, en grande partie grâce à l'engagement extraordinaire de sa mère. «Si je n'avais pas été là, il ne serait plus là», avouait-t-elle. «Un moment, il m'avait demandé de partir pour pouvoir en finir avec la vie. Il me disait que je gâchais ma vie, que cela ne servait à rien et que je n'arriverais jamais à obtenir sa libération», disait-elle la voix nouée.

«La loi doit être la même pour tous» expliquait Hélène Le Touzey

Frêle sexagénaire aux yeux bleus cernés par ses années de combat, la Mère Courage avait entamé dès 2011 le dossier de libération conditionnelle de Michaël. Tout achoppait sur une loi indonésienne qui interdisait l'octroi d'un titre de séjour à un étranger repris de justice. De ce fait, les étrangers théoriquement libérables après avoir effectué les deux tiers de leur peine n'étaient pas relâchés, à la différence des Indonésiens. «Je ne pouvais pas accepter cela. La loi doit être la même pour tous», expliquait Hélène Le Touzey. «Ca n'a pas été facile», se souvient-elle. «De temps en temps, j'ai perdu espoir, comme quand je suis restée bloquée devant le mur de l'immigration.»

Le verrou a finalement été levé : Michaël sera autorisé à rester en Indonésie jusqu'à la fin de sa peine le 21 juillet 2017, plus une année de probation. Il ne pourra pas en revanche rentrer en France pendant cette période. Michaël logera dans la maisonnette qu'occupe sa mère. Elle n'a pas d'eau chaude, pas de climatisation, et est meublée de bric et de broc grâce à l'aide d'amis. Mais, depuis des années, Hélène y a aménagé la plus belle chambre pour son fils.

Au fil des ans, passés à démêler le labyrinthe de la bureaucratie kafkaïenne indonésienne, Hélène a élargi le combat pour son fils aux nombreux détenus étrangers perdus dans la maëlstrom des démarches administratives. «Je suis devenue la Madone des prisons», dit-elle en riant. «Je rends visite, j'écoute, j'apporte quelques bricoles, je suis partie prenante à des dossiers...» La liberté conditionnelle, elle l'a ainsi obtenue «pas seulement pour Michaël mais pour tous les détenus étrangers» déjà libérables. «Il fallait que quelqu'un ouvre les portes». Et cette lutte-là, elle ne l'abandonnera pas, même après la libération de son fils. «Je ne vais pas les laisser tomber».

Le Parisien

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