jeudi 3 avril 2014

Colmar - procès de l'"Araignée", un violeur en série, à la cour d'assises du Haut-Rhin

Il a passé 24 ans en prison pour avoir violé onze femmes, et est accusé d'avoir récidivé peu de temps après sa libération conditionnelle: Philippe Tolila, dit "l'Araignée", car il s'introduisait de nuit chez ses victimes en escaladant les façades, sera jugé à partir de jeudi à Colmar.
 
La cour d'assises du Haut-Rhin à Colmar
La cour d'assises du Haut-Rhin à Colmar
 
La cour d'assises du Haut-Rhin se penche pendant deux jours, à huis clos, sur le dossier d'un nouveau viol imputé à celui qui avait semé la panique entre 1985 et 1987, notamment à Biarritz et à Paris, avant d'être condamné à perpétuité en 1990, à Pau.

Le verdict devrait être rendu tard vendredi soir. Selon l'accusation, Philippe Tolila, 51 ans, a violé sous la menace d'un couteau, le 17 janvier 2012, une jeune femme de 22 ans décrite comme vulnérable. Les faits présumés ont été commis dans un foyer de Mulhouse  où l'accusé était hébergé depuis qu'il avait bénéficié d'une libération conditionnelle, quatre mois auparavant. Les débats auront lieu à huis clos à la demande de la victime.

"Le parquet ne s'y opposera pas", a dit la substitut du procureur de Mulhouse Anaïs Riegert, qui représentera le ministère public lors du procès. Dans les années 1980, Philippe Tolila, alors âgé d'une vingtaine d'années, avait défrayé la chronique sous le sobriquet de "l'Araignée". Il pénétrait de nuit chez ses victimes sans jamais fracturer les portes, mais en escaladant la façade des immeubles. Puis il surprenait les femmes dans leur sommeil, et les violait sous la menace d'une arme. Son procès avait été marqué par les témoignages très forts de plusieurs de ses victimes. L'une d'elle avait raconté que, du fait de son traumatisme, elle ne pouvait plus dormir qu'assise, la position allongée lui étant devenue insupportable. Une autre avait expliqué avoir dû avorter après le viol. 

"Il avait tout pour prétendre à une réinsertion" 

Près d'un quart de siècle plus tard, le nouveau procès de l'"Araignée" sera aussi, au-delà des faits, l'occasion d'évoquer la difficile prévention de la récidive, a dit l'avocat de la jeune victime mulhousienne, Me Hervé Kuony. "C'est naturellement un point qui va être évoqué, sous l'angle des différentes expertises", a reconnu l'avocat. Pour autant, "l'objet de ma plaidoirie ne sera pas forcément de dénoncer la défaillance d'un système", a dit Me Kuony, pour qui "on ne peut pas parler de scandale, mais de dysfonctionnements". Du côté du parquet on prend soin également de ne pas alimenter une polémique sur les circonstances de la libération de Philippe Tolila. "Tout a été vu dans ce dossier", observe Mme Riegert, du parquet de Mulhouse, qui souligne que "la perpétuité réelle n'existe pas en France" et que "chacun doit pouvoir avoir la chance de se réinsérer, quoi qu'il ait fait".

L'"Araignée", dont la condamnation à perpétuité était assortie d'une peine incompressible de 15 ans, avait passé 24 ans en détention au moment où il a bénéficié de cette mesure, a souligné Mme Riegert. "Il n'est sorti que lorsqu'une majorité d'expertises y étaient favorables", après le rejet de plusieurs demandes antérieures, et après avoir présenté "un projet de réinsertion concret et motivé", a observé la magistrate. "Il avait un emploi, un logement, il était soutenu par des associations, il avait tout pour prétendre à une réinsertion", a encore dit Mme Riegert. Pendant l'instruction, l'"Araignée" a refusé de s'exprimer, expliquant seulement, à plusieurs reprises, qu'il ne souhaitait pas se défendre, selon l'avocat de la victime.

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