samedi 12 avril 2014

L'abus d'alcool nuit gravement à la prison d'Arras

Un syndicat de surveillants dénonce les "beuveries" auxquelles se livrent les détenus. Une situation ingérable pour des gardiens en sous-effectif.
 
L'abus d'alcool nuit gravement à la prison d'Arras
 
"Avec l'alcool, la promenade est plus folle". Le titre de ce tract signé du syndicat de surveillant pénitentiaire UFAP-UNSA interpelle les pouvoirs publics sur une situation inédite au sein de la maison d’arrêt d’Arras, dans le Pas-de-Calais. Les gardiens dénoncent des "beuveries" de détenus, de plus en plus fréquentes, rendues possibles par les "parachutage" de bouteilles dans la cour de la prison depuis l'extérieur.

Des "projections" depuis l'extérieur. Le phénomène est d'abord lié au terrain particulier de la maison d'arrêt : à Arras, de grandes buttes longent la prison. Il est ainsi très simple, juché en haut de ces monticules, de lancer de petits objets, comme des bouteilles, dans la cour de promenade : c'est "une projection" dans le jargon de la prison.

L'abus d'alcool nuit gravement à la prison d'Arras
 
A l'intérieur, les surveillants saisissent ainsi tous types d'objets illégaux en milieu carcéral. Un "outillage" dont la Voix du Nord dresse l'inventaire : outre les "traditionnels" produits stupéfiants et téléphones portables, on retrouve des lames de scies à métaux, des disques de meuleuse, des tournevis, des clefs à étoiles, des couteaux et des produits inflammables.

"30 à 40 projections sur une après-midi". Pour les bouteilles, la technique utilisée par les proches des détenus depuis l'extérieur de la prison est particulièrement bien rôdée. "Ce sont souvent de petites bouteilles en plastique de 50cl remplis de whisky, de Ricard ou de Vodka. Ils enroulent les flacons dans du papier bulle ou du chiffon pour que les bouteilles n'éclatent pas lorsqu'elles retombent", décrit Fabian Jacob, un surveillant syndiqué. "Avec les beaux jours qui reviennent, on peut compter entre 30 et 40 projections sur une après-midi". Un problème d'autant plus grave que pour des raisons de sécurité, les surveillants n'ont pas le droit d'intervenir pour intercepter les "parachutages" d'alcool. Les gardiens, qui affirment être en sous-effectif, ont interdiction de se mettre en danger.

"C'est un fléau et c'est grandissant". C'est au retour en cellule que la situation peut devenir critique. Certains sont parfois tellement ivres qu'ils en deviennent incontrôlables. "L'autorité ne se fait plus, la discipline n'est plus reconnue. Donc on s'expose à ce que le moindre fait divers face étincelle et que tout devienne motif à agression", explique Sébastien Briez, secrétaire adjoint du syndicat pénitentiaire. "On a des détenus complètements désinhibés, ingérables et incontrôlables, voire violents. C'est un fléau et c'est grandissant". Depuis plusieurs semaines les surveillants interpellent leur hiérarchie et les pouvoirs publics quant à la nécessité d'installer un filet anti-projection à la maison d'arrêt. "Il en va de la sécurité des personnels disent-ils", avec la crainte de nouvelles beuveries ce week-end.

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