vendredi 16 mai 2014

Au coeur du PC sécurité de Fleury-Mérogis

La plus grande maison d'arrêt d'Europe possède une salle de surveillance ultra-informatisée. Sur des dizaines d'écrans, la vie de la prison s'étale, des couloirs aux entrées de parloirs.
 
Reportage

La serrure fait clac et l'énorme porte grise de 600 kg s'ouvre lentement. « Elle peut résister à des coups de bélier », assure Hubert Moreau, le directeur de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Dans l'hypothèse redoutée, mais peu probable, d'une attaque de prisonniers contre le centre névralgique : le Poste de centralisation des informations.

Quelques secondes dans un sas, le temps que la première porte se referme, et le capitaine Frédi Duprat vous tend la main. « Bienvenue dans le temple de la sécurité. » En enfilade sur de longues tables et sur le mur principal, des écrans affichent le quotidien de la plus grande maison d'arrêt d'Europe : à 30 km au sud de Paris, 4 023 détenus s'entassent dans des cellules prévues pour 2 548 places.

« Si t'as pas fait Fleury, t'es pas breveté »

Dans les couloirs, les cours de promenades, mais pas dans les cellules ni les parloirs, des caméras traquent jour et nuit les incidents. « On déplore environ 300 agressions par an contre les personnels », précise Hubert Moreau. Des insultes, des menaces de mort et des coups. « Sans compter les bagarres entre détenus. Beaucoup sont là pour des faits de violences, des trafics de drogue », renchérit un surveillant, un brin désabusé.

On compte un gardien pour 95 détenus. Les journées sont denses. « La population carcérale a évolué, et pas en bien », lâche l'un d'eux. Avant, la taule était symbole d'échec. « Aujourd'hui, c'est un passeport, presque un examen. Pour les voyous des cités, si t'as pas fait un tour à Fresnes ou à Fleury, t'es pas breveté. »

La main sur un joystick, une jeune femme pilote à distance une des caméras de la cour de promenade. Elle s'attarde sur des jeunes en grande discussion. Zoom sur un visage qui porte fièrement la barbe du prophète. Séance de prosélytisme islamiste ? « On y fait très attention », reconnaît le directeur. À Fleury, on accueille les prévenus interpellés dans les affaires de djihadisme. « Les six qui ont été chopés à Strasbourg, ils vont sûrement arriver là », balance un surveillant.

« Grâce aux caméras, les violences ont été divisées par deux, rassure le capitaine Duprat. Ils savent qu'ils sont filmés, ça les calme. » Dans le centre, mis au point par Thalès, on gère aussi les milliers d'alertes, « souvent liées à des fausses manips ». Les parloirs, les cabinets des médecins sont équipés de bouton à presser en cas d'incident. Les radios des surveillants envoient un signal si elles sont à l'horizontale, « comme si on était à terre ».

Ces caméras sont un soutien au travail des gardiens : le contact, la collecte des infos des indics.
Face à cet attirail technologique, les détenus multiplient les vieilles combines. Baguette de pain évidée pour planquer un téléphone, boîte de conserve à double fond pour la drogue. Pour les échanges, les « yoyos » fonctionnent à plein : accrochés aux barreaux, des morceaux de draps déchirés flottent sur les murs. Ils sont un lien très efficace pour les trafics entre cellules.
Maville.com

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