lundi 26 mai 2014

Dunkerque - La course comme thérapie à l'addiction

Pour son dernier projet sportif en date, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) innove. Des condamnés à du sursis ou en libération conditionnelle s'entraînent à la course à pied depuis mars.

.. et pas pour jouer aux gendarmes et aux voleurs.

 Proposer aux détenus de suer un peu relevait du classique et de l'établi. « Pour les projets sportifs en détention, on a facilement des candidats, reconnaît Dominique Alloy, conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation. Ça leur donne l'occasion de prendre l'air. Avec des personnes libres d'aller et venir, on doit les fidéliser. » Là est l'originalité et le challenge lancé par le Spip. Pour la première fois, l'action concerne les condamnés à l'extérieur, et non ceux restés entre les murs de la maison d'arrêt.
« La participation était ouverte aux condamnés à des peines de sursis avec mise à l'épreuve, en libération conditionnelle ou bénéficiant d'un aménagement de peine. » Les condamnés pour des délits liés aux stupéfiants font également partie des profils privilégiés. Objectif : passer de la passion dévorante pour la drogue à l'addiction au sport, bien plus saine. L'idée trottait déjà depuis un moment dans la tête de ce conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation. Surveillant les détenus dunkerquois depuis 2004, il évoque souvent avec eux sa passion pour la course. «  J'évoquais l'envie de se dépasser, de se réapproprier sa santé procurée par la course à pied. C'est surtout une activité simple et à moindre coût.

 L'hypothèse d'un programme a suivi et l'arrivée de ma collègue Mathilde Decatoire, très sportive comme moi, a permis de le concrétiser. »

Boucles zuydcootoises

en conclusion

Début 2014, malgré un calendrier serré, le recrutement des coureurs volontaires est lancé. « On a réussi à motiver une douzaine de candidats, mais avec les contraintes professionnelles, les abandons, les problèmes de santé... Aujourd'hui, il en reste tout de même 5 voire 6. »
Un nombre suffisant pour une participation, le 24 mai, au relais à trois des 26e boucles zuydcootoises, comme des coureurs lambda. « Les participants ont pris une licence auprès de la fédération française d'athlétisme et se sont inscrits comme n'importe quel adhérent, avant de passer une visite médicale », précise Dominique Alloy. Avant la compétition, les partenariats se nouent pour souligner le côté lutte contre l'addiction aux drogues avec le centre de prévention santé du Conseil général, le centre de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie... et surtout avec un entraîneur digne de ce nom (voir ci-dessous).
Avec une pratique hebdomadaire depuis le 3 mars, le groupe formé maîtrise de mieux en mieux ses foulées... tout en gardant les pieds sur terre. « Les entraînements se déroulaient dans un bon esprit : ils recherchent le plaisir et pas la compétition », confirme Dominique Alloy. Le conseiller pénitentiaire espère renouveler son projet à l'automne prochain et monter un groupe plus important. Il loue surtout les liens créés par l'initiative. « Les suivis de justice sont sans doute un peu austères. Là, le rapport sort de l'ordinaire, on se met tous au même niveau. »

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