mercredi 14 mai 2014

Congrès UFAP/UNSa Justice à Boé

Les prisons françaises sous haute tension : un état des lieux affligeant lors du congrès à Boé.
450 participants au congrès dont 50 femmes qui sont représentées à hauteur de 30 % dans les établissements pénitentiaires./ Photo S.B
 
Ordre du jour du congrès national de l'Ufap consacré, hier, aux questions statutaires et à la situation explosive des prisons françaises. Les élections du bureau national ont lieu ce matin.

C'est dans une ambiance de show à l'américaine avec ballons, musique à fond au moment des pauses, que se déroule depuis hier et jusqu'à jeudi soir le 8e congrès national de l'Ufap-UNSA à l'espace culturel François Mitterand de Boé.

Un prétexte aux retrouvailles et à la convivialité pour quelque 400 surveillants pénitentiaires disséminés à travers toute la France métropolitaine et les Dom-Tom. Des personnels confinés à l'année à la lumière artificielle dans l'univers carcéral. La bonne humeur des surveillants, qui ont tous à cœur une revalorisation et une réforme de leur métier, n'exclut pas le sérieux des sujets abordés au cours de ces trois journées. Hier matin, le rapport d'activité des trois dernières années a été exposé par le secrétaire général de l'Ufap et ses trois adjoints. Seuls points positifs en 2013, la revalorisation indiciaire et l'effort sur les passages de grade et les promotions. Une maigre consolation pour une année éprouvante où tout s'est accéléré, caractérisée par «des tensions extrêmes dans les prisons françaises et plus particulièrement dans les quartiers de détention», martèle Stéphane Barraut, secrétaire général adjoint : «On sent bien que quelque chose ne va plus, nous ne gérons plus rien. C'est la fin d'un cycle, il est urgent de revoir la politique pénitentiaire dans son ensemble».

«Bombes à retardement»

Et d'expliquer que chaque région, taille et vocation d'établissement, ont leur particularisme et une population différente à gérer. Plus atone et attachée à un code respectueux en Corse envers les surveillants, que proche de l'implosion et de la manipulation psychologique dans certaines centrales de métropole. Le syndicat majoritaire à hauteur de 43 % des effectifs, pointe le chaos, l'isolement dans les étages des personnels face à la surpopulation et la violence qui domine : 4 000 agressions par an.

Otages, mutineries

Également pointé, l'enterrement des projets immobiliers dans certaines régions des Dom qui est également perçu comme «des bombes à retardement dans les détentions d'Outre-mer», prévient solennellement le staff exécutif national. Une cacophonie dénoncée aussi dans les établissements pour mineurs qui «accueillent pourtant de véritables délinquants». Redonner du sens au métier, pallier à minima les emplois vacants pour favoriser le travail en équipe, restaurer l'autorité des surveillants, sont les revendications majeures de l'Ufap qui appelle aussi à la sécurisation urgente des établissements considérés comme des «poudrières». «L'année 2013 de la réforme, a également été celle des prises d'otages», fustige le rapport. Celle en avril 2013 d'un détenu particulièrement signalé (DPS), évadé de la prison de Sequedin.

Redoine Faïd a pris quatre surveillants en otages, menacés par arme à feu, et a fait sauter cinq portes à l'explosif. Le 14 juin, à la maison centrale d'Arles, un détenu retient un premier surveillant et un moniteur de sport ; le 9 juillet, un détenu du centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier prend en otage une élève surveillante ; le 21 juillet, un détenu de Moulins tient en respect avec un couteau un surveillant ; le 1er août, émeutes au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse où une vingtaine de détenus se sont retranchés, incident à la maison centrale d'Ensisheim ; le 19 août, mutinerie à la maison d'arrêt de Blois ; enfin le 22 août, 20 détenus refusent de réintégrer leurs cellules à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy. Des provocations sont aussi déplorées comme cette vidéo postée sur Youtube où des jeunes en détention exhibent des lames. D'où l'ordonnance réclamée par le syndicat pour rétablir les fouilles systématiques.
La Dépêche

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