« Avec l’alcool, la promenade est plus folle ! » Dans un tract au vitriol, les surveillants du syndicat UFAP-Unsa pénitentiaire s’inquiètent de l’augmentation de cas d’ivresse lors des promenades au sein de la maison d’arrêt d’Arras.
Fabian Jacob, Sébastien Briez et Albert Bolzon tirent la sonnette d’alarme, alors que les « parachutages » de bouteilles d’alcool se sont multipliés, surtout le week-end.
Les surveillants pénitentiaires s’alarment des projectiles lancés par dizaines en prison.
1. Une beuverie jamais vue le 9 mars. C’est la goutte de whisky qui a fait déborder le verre. Le 9 mars, à l’issue de la promenade, les surveillants assurent avoir éprouvé toutes les peines du monde à contraindre les détenus à rejoindre leurs cellules. « Sur une trentaine de détenus dans la cour, une bonne quinzaine étaient alcoolisés, détaille Sébastien Briez. Ils se sont senti pousser des ailes, refusaient toute forme d’autorité, ne voulaient pas remonter en cellule. C’était assez houleux. »
2. Des « parachutages » d’alcool ciblés. La présence d’alcool dans la cour de la prison peut étonner, mais ce n’est pas une surprise pour qui connaît la maison d’arrêt d’Arras. Enclavée entre des buttes dominant l’établissement, la prison est perméable aux jets de projectiles. C’est ainsi qu’on assiste régulièrement à des « parachutages » de produits stupéfiants, de viande halal ou de bouteilles en plastique de 50 cl remplies de whisky, de vodka ou de Ricard, rapidement ingurgitées par les détenus. Des bouteilles entourées de tissu ou de papier bulle qui permettent d’amortir la chute. « Au lieu d’avoir des jets en plusieurs fois, tout a été regroupé sur un créneau horaire précis, correspondant à des demandes des détenus », assurent MM. Briez et Jacob.
Les surveillants ne pouvaient-ils pas intervenir plus tôt ? « La procédure ne nous permet pas de nous mettre en danger en intervenant, explique M. Jacob. On peut mettre en danger l’établissement et la sécurité des personnes. » Les surveillants soulignent qu’ils sont en général une petite dizaine contre une bonne trentaine de détenus. « Quand c’est comme ça, face à des détenus alcoolisés, drogués, voire les deux, il n’y a pas grand-chose à faire », soupire M. Bolzon.
3. Les frondeurs transférés, les autorités alertées. Suite à cette fin de promenade tendue, « on a demandé le transfert des détenus meneurs, cela a été fait, constatent les syndicalistes. Au total, cinq ont été transférés en une semaine. Quasiment un par jour. »
Le syndicat UFAP-Unsa a interpellé sa direction et écrit au commissariat, au conseil général, aux députés locaux, aux sénateurs et à la mairie d’Arras. Un rendez-vous a également été sollicité avec le préfet.
4. Que demandent les surveillants ?
Les surveillants demandent davantage de patrouilles de police, en particulier le week-end ; un filet anti-projections, ardemment souhaité depuis de longues années ; et plus d’effectifs. « C’est sûr que c’est compliqué d’être enclavé, mais avec des rondes et un filet, ça pourrait au moins réguler le problème, insiste M. Briez. On n’est pas là pour ramasser les détenus ou les intervenants, professeurs, services sociaux, médecins… qui pourraient se faire agresser sur fond d’alcoolisation. Il faut stopper cela avant qu’il y ait une catastrophe. »
Face aux départs à la retraite non remplacés (cinq sont prévus en 2014 à Arras), les surveillants réclament aussi cinq agents supplémentaires. Mais alors à quoi a servi la campagne de recrutement orchestrée à la télévision pendant de longs mois ? « Les effectifs recrutés étaient destinés aux nouveaux établissements pénitentiaires, pas aux établissements déjà existants. »
Le week-end et les jours fériés, les surveillants de la prison d’Arras seraient seulement dix à travailler chaque jour, contre vingt-deux environ en semaine. Treize en effectif constant et six équipes de six agents se relayant. C’est mince face à des détenus dont le nombre oscille entre 250 et 350.
On trouve de tout à la prison d’Arras
La prison d’Arras n’est pas un magasin de bricolage mais on y trouve beaucoup d’outillage. Les surveillants disent avoir déjà saisi des lames de scie à métaux, des disques de meuleuse, des tournevis, des clefs à étoile, des produits inflammables, outre des couteaux et les « traditionnels » produits stupéfiants et téléphones portables. « On a demandé des fouilles sectorielles, assurent MM. Jacob et Briez. On a des portiques à la sortie des promenades mais les objets sont remontés par les fenêtres. Les détenus contournent. »La Voix du Nord
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