Si les familles ont été unies dans la douleur, après le double meurtre en 1986 de leur enfant à Montigny-les-Metz, elles sont partagées sur la culpabilité de Francis Heaulme. Le tueur en série comparaît depuis lundi à Metz.
Ginette Beckrich, la grand-mère du petit Alexandre, à son arrivée au tribunal avec son avocat.
Vingt huit ans après, le meurtrier de leur enfant n'a toujours pas de visage. Depuis le 28 septembre 1986, date où Alexandre Beckrich et Cyril Beining ont été retrouvés les crânes fracassés le long d'une voie ferrée de Montigny-lès-Metz, les familles ont déjà assisté à trois procès. Celui qui s'est ouvert lundi devant la cour d'assises de Metz est le quatrième. Après Patrick Dils, acquitté en 2002, c'est Francis Heaulme qui a pris place dans le box des accusés.
Le procès "de la dernière chance"
La mère de Cyril, Gabrielle Beining, est la seule à s'être battue pour le renvoi du tueur en série devant les assises. Elle avait fait une promesse à son fils : "Trouver le responsable". Après avoir fait appel du non-lieu prononcé en faveur de Francis Heaulme en 2007, elle a obtenu ce nouveau procès, "celui de la dernière chance". Lundi matin, après la révélation d'un témoignage surprise accusant cette fois Henri Leclaire, Gabrielle Beining, âgée de 70 ans, fait preuve d'une patience désarmante : "On verra bien mardi soir". Ce nouveau rebondissement laisse en effet entrevoir un report du procès. En attendant, l'audience s'est poursuivie lundi après-midi avec le récit des faits par le président de la cour d'assises. Un moment éprouvant pour la mère-courage, qui s'est effondrée en larmes.
Un peu plus tard, la grand-mère d'Alexandre Beckrich, très éprouvée, a également quitté la salle d'audience. Ginette Beckrich reste persuadée que l'homme assis sur le banc des accusés n'est pas responsable de la mort de son petit-fils. Cette dame de 87 ans explique qu'un jour, elle est allée voir Francis Heaulme en prison pour lui demander s'il avait commis le double meurtre. Le tueur en série lui a répondu : "J'aimerais bien vous dire que c'est moi, mais ce n'est pas moi". Selon elle, il n'aurait rien à perdre à avouer deux crimes de plus. Mme Beckrich reste ainsi persuadée de la culpabilité de celui qui a été acquitté douze ans plus tôt. "Les preuves contre Heaulme ne sont pas suffisantes", explique son avocat, Me Dominique Rondu. "Dans cette affaire hors norme, il faut avoir plus qu'une intime conviction". Chaque famille semble avoir aujourd'hui la sienne.
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