jeudi 29 octobre 2015

Taubira, de l’icône au boulet

Dans sa chronique vidéo #Jeudypolitique, le rédacteur en chef politique de Paris Match, Bruno Jeudy, analyse l’accumulation des mouvements de protestation qui vise Christiane Taubira. La caution frondeuse du gouvernement est en passe de devenir un problème pour l’exécutif.
 
Taubira, de l’icône au boulet

A l’approche du prochain remaniement, François Hollande et Manuel Valls vont devoir peser le pour et le contre du maintien de la garde des Sceaux au gouvernement alors que l’opinion réclame plus de fermeté. 

Faut-il conserver à tout prix Christiane Taubira, caution frondeuse et icône intellectuelle, dans le gouvernement? Une fois encore et c’est ainsi depuis le premier remaniement du quinquennat, François Hollande se pose la même question, pesant le pour et le contre.

Garde des sceaux depuis trois ans et demi, l’équation Taubira devient complexe tant sa ministre de la Justice accumule les mouvements de protestation. Des avocats aux policiers en passant par les gardiens de prison.

Sans compter l’image laxiste qui colle à la peau de cette figure de la gauche et pénalise l’exécutif alors que les Français exigent plus de fermeté et une politique répressive. Cette adversaire historique de la droite est en passe de devenir un problème pour la gauche.

Plus de problèmes que d’avantages

Starisée grâce au long débat du Mariage pour tous, Christiane Taubira est devenue dans la foulée intouchable. Car à la fois ultra-populaire à gauche et ultra-détestée à droite. Jusqu’à présent, le calcul était vite fait : François Hollande avait besoin de cette ministre clivante. Et faisait tout pour la garder. A fortiori après les départs successifs de Cécile Duflot, d’Arnaud Montebourg et de Benoit Hamon. Longtemps donc, le chef de l’Etat en quête de signaux à adresser à son aile gauche avait intégré Christiane Taubira dans son équation politique.

Mais ça c’était avant. Aujourd’hui, le vent tourne. Faute de résultats dans son ministère et à cause de réformes contestées, Christiane Taubira est cernée par les mécontentements. Une conjonction d’oppositions des avocats aux policiers et aux gardiens de prison qui mettent la pression sur une ministre dont la gestion de la chancellerie est plus que chaotique. Elle a épuisé trois directeurs de cabinet en trois ans ! Son étoile a pâli. Son bilan est contesté et contestable. Et elle est loin d’être la ministre la plus populaire du gouvernement y compris à gauche…

Elle ne veut pas partir

A chacune de ses dernières interventions dans les médias, la ministre le dit et le répéte : elle ne veut pas quitter son poste. Elle a bien l’intention de défendre ses trois projets de loi. Celui sur l’indépendance de la justice sera soumis à discussion au Sénat dans quelques jours et bien sûr l’explosive réforme de la justice des mineurs est promise pour février 2016.

Sera-t-elle encore ministre d’ici là? Hollande a toujours tranché en sa faveur. On sait que son Premier ministre Valls est sensible au style flamboyant et à la tonalité frondeuse de la garde des Sceaux.
L’exécutif connaît surtout les attentes de l’opinion, pas du tout en phase avec la ligne politique de Christiane Taubira. Les trois quarts des Français réclament, dans un sondage récent, plus de fermeté, plus de répression. La prochaine campagne présidentielle se jouera aussi sur ce type de sujets. Ne pas déplaire à son aile gauche tout en collant aux attentes de l’opinion, François Hollande devra choisir.  
 

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