Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, estime qu'autoriser les détenus à posséder des portables serait un «facteur considérable d'apaisement» de la détention.
Aujourd'hui, les téléphones portables sont interdits aux détenus, qui ne peuvent utiliser librement que les téléphones fixes accessibles dans les établissements pénitentiaires. Les conversations sur ces postes fixes sont susceptibles d'être écoutées par le personnel pénitentiaire pour raisons de sécurité. Dans un avis du 10 janvier 2011, le Contrôleur avait déjà estimé qu' «une réflexion (s'imposait) sur les conditions dans lesquelles ces appareils pourraient être utilisés, dès lors que les mesures de sécurité et de contrôle légitimes pourraient trouver à s'appliquer». «Nous épuisons les personnels à la recherche de téléphones portables, qui est un puits sans fond», a regretté Jean-Marie Delarue, rappelant qu'aux Baumettes à Marseille, environ 900 téléphones mobiles étaient saisis chaque année. D'autant que, selon lui, les portables saisis ne sont pas exploités par les services enquêteurs.
«Aucun risque de sécurité», assure le Contrôleur
Le Contrôleur a dit s'être entretenu du sujet avec des personnels pénitentiaires afin de connaître leur sentiment. «Ils m'ont dit: ça ne changera rien, mais ça apaisera considérablement la détention», a-t-il expliqué. A titre d'illustration, il a évoqué la récente mutinerie survenue à Argentan (Orne), début décembre. Une quinzaine de détenus s'étaient retranchés dans une aile du bâtiment et s'étaient livrés à des actes de vandalisme. Or, la veille, avait eu lieu, dans cette même aile, une fouille générale au cours de laquelle on avait saisi une vingtaine de téléphones portables. «Les personnes détenues à Argentan sont loin de tout. Ce qu'il leur reste, c'est le téléphone portable», a-t-il expliqué. «Je préférerais qu'on autorise les téléphones et qu'on contrôle, tous les dix jours, pour savoir qui (le détenu) a appelé», a estimé le Contrôleur. Son avis ne semble toutefois pas faire l'unanimité. «Honnêtement, je ne vois pas ce que ça va apporter de plus. Si on autorise, je crains que ce soit la porte ouverte à tous les trafics, mais aussi au racket entre détenus», estime ainsi David Cuchietti, secrétaire local CGT des Baumettes, cité par Metronews .Comme il l'avait déjà écrit dans un avis du 20 juin 2011, Delarue s'est également prononcé pour l'accès des détenus à une messagerie électronique. «Je ne crois pas que cette messagerie pose des problèmes de nature différente de celle des courriers», a-t-il fait valoir, rappelant que tous les courriers, entrant et sortant, étaient lus par le personnel pénitentiaire, pour raisons de sécurité.
Un administrateur informatique pourrait ainsi contrôler régulièrement l'ensemble des messages envoyés et reçus par chaque détenu depuis sa boîte de messagerie électronique. Pour le CGLPL, l'accès à la messagerie électronique serait également, au même titre que le téléphone portable, «un facteur d'apaisement considérable en détention, sans aucun risque de sécurité». «Je souhaite vivement que les pouvoirs publics réagissent à bref délai», a exhorté Jean-Marie Delarue. Son audition s'inscrivait dans le cadre de travaux relatifs à une proposition de loi, qui vise à renforcer les prérogatives du Contrôleur.
Le Figaro
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