Alors que son taux d'occupation actuel s'élève à 147 %, la prison d'Aix-Luynes devrait doubler sa capacité d'accueil. Début des travaux d'agrandissement en 2015 pour une livraison en 2017.
Avec un taux d'occupation toujours largement supérieur à 100 % (147 % avec 955 personnes détenues jeudi dernier pour, sur le papier, une capacité de 694 places), la prison d'Aix-Luynes subit et gère au quotidien une délicate situation de surpopulation carcérale.
Autant dire, dès lors, que le projet bien engagé de doublement de la capacité de cet établissement pénitentiaire en fonction depuis bientôt quinze ans, est accueilli les bras ouverts, et de façon unanime.
Aix II, ainsi est appelé le projet, est d'ailleurs largement lancé. Des travaux de voirie ont commencé, en vue de desservir ce qui deviendra l'ensemble Aix-Luynes I et II. Aix I, l'actuel bâtiment qui possède aujourd'hui un statut de maison d'arrêt, deviendra à terme un centre de détention (où ne seront écroués que les détenus définitivement condamnés). Tout à côté, Aix II (la construction à venir) abritera la maison d'arrêt. Cette extension (avec 34 104 m² de surface de plancher) est prévue pour occuper une emprise située à l'est de l'établissement actuel, le long de l'A51. Le centre pour peines aménagées (CPA) restera tel quel, situé à quelques mètres de l'entrée de la prison actuelle. À noter aussi qu'un quartier pour mineurs est actuellement en construction et qu'il demeurera dans le bâtiment actuel.
735 places en plus
Concernant le calendrier, et après un an d'études, le début des travaux d'Aix II est annoncé pour le printemps 2015, en vue d'une livraison qui pourrait se faire courant 2017 (plutôt au cours du second semestre).L'établissement actuel, mis en service en juin 1990 et que dirige Frank Linarès, possède une capacité d'accueil de 694 places (ce qui comprend le centre pour peines aménagées). Un chiffre théorique largement dépassé par l'occupation réelle... Aix/Luynes II devrait compter environ 735 places qui viendront s'ajouter. Soit un doublement de la capacité d'accueil.
C'est l'Agence publique pour l'immobilier de la justice (Apij), qui gère ce dossier. Agence que notre rédaction a contactée à de multiples reprises pour obtenir des éléments sur l'extension. En vain. Sur son site internet, au moins, l'Apij annonce qu'"après plusieurs mois de dialogue compétitif très fructueux tant sur le plan architectural et fonctionnel que technique, les cinq candidats admis à participer au dialogue ont remis leurs offres finales en octobre 2013".
Patios et jardins
Après une analyse multicritère, le marché a été attribué au groupement composé des entreprises GFC/DV Construction, du cabinet d'architectes SCAU et enfin, du bureau d'études EGIS. L'Apij, sur son site internet, indique encore : "Ce projet illustre les ambitions renouvelées du ministère en matière de qualité architecturale des espaces, aussi bien en extérieur qu'à l'intérieur des hébergements. Les zones de déambulations sont ainsi traitées très qualitativement, elles sont larges et donnent à voir des patios et jardins plantés. Les dispositifs de sûreté passifs sont adroitement masqués par une architecture qui a su mettre à profit les évolutions programmatiques pour créer des espaces non anxiogènes."Le montant du marché de conception et réalisation, confié à ce groupement par le ministère de la Justice, serait par ailleurs de 75,201 millions d'euros hors taxe. "Ce chantier d'extension est accueilli très favorablement", indique-t-on de part et d'autre, à la fois du côté de la direction, des personnels, des partenaires et des syndicats. Pour Fabrice Cros (FO), "l'état de la détention à Aix est alarmant donc on attend beaucoup de cette nouvelle construction. Même si pour l'heure, on n'en sait guère plus". Sébastien Brandt, de l'Ufap, signale pour sa part que, "de manière générale, les personnels se réjouissent toujours de l'ouverture d'un établissement".
D'autant que celui-ci, concrètement, devrait être équipé de douches intégrées aux cellules, ce qui implique moins de mouvements à organiser. Même si l'Ufap confie préférer "des établissements à taille humaine." Une certitude, en revanche, semble partagée : "C'était un vrai besoin."
Le futur palais de justice est-il tombé dans les limbes ?
Dans son communiqué de presse en date du 5 avril 2012, l'Agence publique pour l'immobilier de la justice (Apij) détaillait le calendrier du projet de construction d'un (très espéré) nouveau palais de justice à Aix : lancement du concours de maîtrise d'oeuvre en février 2011 ; début des travaux au 2e trimestre 2014 pour une mise en service en 2016.Logique, donc, de s'interroger sur l'avancement (ou non) de ce chantier programmé pour abriter le TGI d'Aix (placé au 18e rang des tribunaux de grande instance de France par son volume d'activités). Car à première vue, et après la démolition de l'ancienne clinique de l'Espérance et la construction des bâtiments provisoires en lieu et place, le terrain laissé libre sur la partie supérieure de l'emprise de l'ancien TGI n'a guère changé d'aspect.
L'Apij, contactée à ce sujet, indique avoir transmis notre question au chef de projet. Qu'en est-il à Aix, où le TGI est particulièrement attendu ? Et où cela fait maintenant trente ans, que le tribunal de grande instance est installé dans des bâtiments présentés comme provisoires ? Au retour des vacances, et sans doute désireux d'en savoir plus sur le déroulement du chantier, les chefs de juridiction n'ont pas manqué d'interroger le ministère de la Justice sur le calendrier et la date de démarrage des travaux (présentés jusqu'alors pour fin 2014 ou début 2015). "À ce jour, l'Apij n'a pas été en mesure de communiquer le calendrier" aux chefs de juridiction. L'agence a toutefois indiqué que "des arbitrages sont en cours, sur les questions d'immobilier de la justice". Reste à espérer que les arbitrages en question, ne deviennent pas des sacrifices, tant la nécessité d'un vrai palais de justice pour Aix (qui n'a jamais eu son TGI) est une certitude partagée par tous les acteurs du monde de la justice...
Lesquels subissent des conditions précaires "qui ont toujours été présentées comme du provisoire", est-il déploré. D'autant que ce projet dure depuis des années. En avril 2012, l'Apij annonçait que c'était l'agence d'architecture Atelier Marc Barani qui était lauréate pour le palais de justice. Son projet, pour les façades du TGI : une première partie (socle et rez-de-chaussée) composée de monolithes de béton clair coulé par passes horizontales, rappelant les carrières provençales et évoquant la puissance de l'institution ; des salles d'audiences en espaces clos à ciel ouvert, créés par une perforation zénithale dans le monolithe pour un apport de lumière. Des phases de démolition avaient commencé en 2011, sur ce chantier présenté comme complexe, car sur site vivant et à ouverture constante jusqu'à la livraison annoncée pour fin 2016. En attendant, un bâtiment provisoire abrite notamment deux salles d'audience, entre le périph' et le boulevard des Poilus. Le but de ce bâtiment était d'ailleurs de libérer l'emprise suffisante sur les 9 000 m² du site pour bâtir le "vrai" TGI.
La Provence
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