Alerté par un syndicat sur la situation d'Aix-Luynes, le parlementaire LR est venu hier matin effectuer une visite (surprise) du centre pénitentiaire.
Ce fut une visite de plusieurs heures. Dans le cadre du droit qu'ont les parlementaires à se rendre dans les établissements pénitentiaires, le député Les Républicains Christian Kert s'est présenté hier à la porte de prison d'Aix-Luynes.
Alerté par un syndicat, il tenait à se rendre dans ce centre pénitentiaire où c'est le directeur Frank Linarès qui l'a reçu d'abord longuement, pour lui présenter cet établissement et ses problématiques.
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La surpopulation, d'abord, puisque les effectifs ne cessent de croître, dans le centre pénitentiaire qui compte 568 places au quartier "majeurs" de la maison d'arrêt. Sur le papier. Hier, on affichait 983 détenus. Sans oublier 263 personnes sous bracelet électronique ; 26 places en quartier mineurs (dont 14 occupées) et 82 places au centre pour peines aménagées. Il faut dire qu'"on prend 70 détenus de plus par an", résume le directeur.
La prison a même atteint en mai 2016 la barre de 1 034 détenus. Alors concrètement, 170 détenus dorment sur un matelas au sol, dans une cellule de 9 m² pour trois détenus.
Cette surpopulation se répercute sur à peu près tout : douches, mouvements, production d'eau, cantine... Sans oublier le turn-over, puisque dans cette prison "la population carcérale se renouvelle tous les 9 mois".
Pour autant, assure le directeur, "l'établissement reste maîtrisé. Pas de zone de non-droit ici. Avec un personnel exemplaire, on fait des miracles tous les jours, compte tenu des difficultés". Surpopulation qu'il faut mettre en regard des manques d'effectifs dénoncés par le secrétaire local du syndicat SPS (syndicat pénitentiaire des surveillants). "Oui, il manque des effectifs, admet la direction. Tous les postes ne sont pas comblés mais 4 agents vont arriver et on attend des sortants d'école".
"Établissement maîtrisé"
Quid de la radicalisation ?, demande l'élu. Une poignée de détenus est écrouée à Aix pour des faits liés à la radicalisation, mais "c'est faux de dire que la prison est une école de radicalisation ! On est vigilant et les détenus sont sensibilisés via un plan de lutte anti-terrorisme".
On aborde aussi le travail en prison ; les activités ; le chantier qui jouxte la prison actuelle, qui sera doublée. Avec 735 nouvelles places, "ce sera le plus gros établissement pénitentiaire de tout Paca, le 3e de France".
Reste la question de la sécurité en prison (15 jours après la mort d'un détenu, mortellement poignardé en cour de promenade ?) Une information judiciaire est en cours. "Au-delà de cet événement inadmissible il a fallu gérer l'après-événement et préserver l'équilibre dans l'établissement", relate le directeur, avant de visiter plusieurs sites de la prison. Le quartier des arrivants, d'abord. C'est là que chaque nouveau détenu passe 5 jours. Comme un sas, avant d'intégrer les différents quartiers.
Dans une cellule où cohabitent trois jeunes d'une vingtaine d'années, le directeur et le député passent vite sur le passé, parce que "bon, après, il faudra rebondir, les gars...", essaie de les convaincre Christian Kert.
Chaque arrivant livre son analyse de ce qu'il fait ici, d'autant qu'à 20 ans, "on pourrait être ailleurs, c'est clair", soupire l'un d'eux en faisant la moue. "Je suis pas ici pour suivre l'école du crime", promet un autre.
Pas loin, le quartier des mineurs obéit à des règles strictes, comme une totale étanchéité avec les majeurs. Des grands gamins de 16 à 18 ans, avec qui il faut parfois reprendre les fondamentaux.
Comme si l'apprentissage de la règle se faisait en prison, se demandent le directeur et une intervenante. Le député croise surveillants, détenus, beaucoup de jeunes, au fil de la visite qui se poursuit dans une cour de promenade hautement sécurisée. Toutes sont désormais équipées de vidéosurveillance. Il faut aussi éviter les projections d'objets depuis l'extérieur dans les cours.
Une visite que le secrétaire local du syndicat SPS a regretté de ne pas pouvoir suivre en compagnie du député Kert. Mais au terme de laquelle il a explicité en détail la situation pour laquelle le parlementaire avait été alerté.
"J'aurais souhaité qu'on puisse voir autre chose, cet établissement est en souffrance. Aujourd'hui, il y a 17 agents pour gérer toute la détention. Il en faudrait 31 (*). Avec cet effectif, il nous faut pourtant continuer à assurer les promenades ! On passe des après-midi à faire des mouvements !"
De plus, "la sécurité des agents est négligée. Il y a eu plusieurs agressions de surveillants, c'est très dur, certains agents ne viennent plus travailler. Absentéisme ? ! Des agents n'en peuvent plus.
Certains sont appelés pour venir travailler le lendemain, sinon c'est un jour de salaire en moins. En fait, ici, on donne beaucoup aux détenus pour que ça se passe le mieux possible, avec le moins d'effectifs. Les agents sont sur les rotules." Christian Kert, "alerté donc par au moins un syndicat", quittait la prison en confiant que "j'ai pour ma part noté des avancées et améliorations, mais j'entends les problèmes sur lesquels il faudra se pencher longuement".
La Provence
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