Feux de palettes, pas de parloirs ni d’extractions: des agents pénitentiaires ont mené jeudi matin des actions de blocage de prisons pour dénoncer la «dégradation constante» de la sécurité après une série d’agressions.
Au Mans, les surveillants ont voté le blocage total de l’établissement: «C’est le sang qui coule sur les coursives, ce n’est plus de simples coups (...) aujourd’hui, ça peut-être n’importe lequel d’entre nous qui peut y rester», a prévenu un représentant syndical.
Les principaux syndicats pénitentiaires avaient déjà lancé à la mi-septembre un cri d’alarme, interpellant le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas sur la montée de la tension dans les prisons, où le nombre des détenus a battu un record en juillet (on comptait le mois suivant 68.819 détenus pour 58.507 places).
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Cette tension s’est traduite ces dernières semaines par une succession d’incidents visant notamment des surveillants. Après l’agression de deux fonctionnaires par un détenu radicalisé à Osny (Val d’Oise) et une mutinerie à Vivonne (Vienne), un détenu a agressé cinq surveillants mardi au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Quelque 4.000 actes de violence visant des surveillants ont été comptabilisés en 2015 et plus de 2.760 depuis début 2016, avait récemment précisé le garde des Sceaux.
A sept mois de la présidentielle, le ministre a annoncé la semaine dernière un plan à long terme de construction de nouvelles cellules pour en finir avec la surpopulation carcérale. Quarante millions d’euros ont été inscrits au budget 2017 pour «la sécurisation», a-t-il dit jeudi en vantant l’effort consenti notamment pour les prisons.
Trop tard pour calmer les personnels pénitentiaires qui ont répondu jeudi à l’appel notamment du syndicat FO, le deuxième chez les surveillants après l’Ufap.
A Valence, où deux gardiens avaient été blessés dimanche par trois détenus qui refusaient de retourner dans leurs cellules, 70 surveillants en congés ou en repos se sont rassemblés devant la prison pour bloquer toute l’activité de l’établissement (extractions, parloirs).
«On réclame la fouille totale et complète de l’établissement pour le vider de toute arme artisanale. On veut aussi que les surveillants puissent être en binôme aux étages», a expliqué à l’AFP Sylvain Royere, du syndicat Ufap-Unsa Justice.
- «Tout pour les voyous» -
A Fleury-Mérogis (Essonne), plus grand établissement pénitentiaire d’Europe, une centaine d’agents ont bloqué l’entrée de la maison d’arrêt entre 6H30 et 7H45 pour dénoncer «le manque de réaction de l’administration pénitentiaire face aux récentes agressions».
Dans les Yvelines, à Bois d’Arcy, une quarantaine de personnels ont mis le feu à des palettes et des pneus devant la prison et filtraient les entrées. Même chose à Sequedin (Nord) où une vingtaine de surveillants ont empêché les extractions pendant plus d’une heure. Des blocages ont également eu lieu à Osny, Villepinte (Seine-Saint-Denis), Saint-Martin-de-Ré (Charente-Martime) où FO pénitentiaire tient son congrès régional, ou encore Saint-Maur (Indre).
«On travaille dans des conditions de plus en plus déplorables. C’est tout pour les voyous et rien pour les personnels pénitentiaires», s’est énervé Willy Saib, secrétaire local FO de la maison d’arrêt de Saint-Maur.
A Montauban (Tarn-et-Garonne), une vingtaine de grévistes ont bloqué l’entrée de la maison d’arrêt Beausoleil.
A Annœullin (Nord), qui héberge une des cinq unités dédiées à la déradicalisation, une vingtaine de manifestants ont dénoncé «les drames qui visent les personnels et l’immobilisme des politiques».
Mobilisation des surveillants également à Grasse (Alpes-Maritimes), Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) ou encore à Nice, où tous les accès de cette maison d’arrêt vétuste qui abrite 680 détenus pour 356 places ont été bloqués pendant plus d’une heure.
Au centre pénitentiaire de Riom (Puy-de-Dôme) une centaine de surveillants ont pris symboliquement leur service en retard. «C’est un avertissement, un prélude à un blocage complet», a prévenu le secrétaire local FO. Une grève du zèle a également eu lieu à la prison d’Aiton (Savoie).
A la maison d’arrêt de Fresnes, les surveillants mèneront «une +Nuit debout+ à partir de 18H30, avec blocages des extractions, des retours, et barbecue», selon Jérôme Nobecourt, délégué FO pour l’Ile-de-France.
Libération
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