mardi 6 septembre 2016

Surveillants agressés à la prison d'Osny: la piste terroriste envisagée

Dimanche après-midi, un détenu radicalisé a agressé deux surveillants de prison à la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val-d'Oise. Le pronostic vital des deux victimes n'est pas engagé.

Dimanche après-midi, deux surveillants de la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val d'Oise, ont été agressés (Photo d'illustration).

L'agression a eu lieu lors du départ en promenade. Deux surveillants pénitentiaires ont été blessés dimanche après-midi par un détenu de l'unité de prévention de radicalisation à la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val-d'Oise, selon un communiqué du ministère de la Justice.



Lundi après-midi, la section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé qu'elle se saisissait de l'affaire.

L'enquête de flagrance est ouverte pour "tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste".

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Le détenu avait été condamné en 2016 dans une affaire d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, selon la source judiciaire.

La section antiterroriste s'est saisie de l'affaire notamment sur la base de propos du détenu tenus lors de sa garde à vue, a précisé une source proche de l'enquête.

Préméditation de son acte

Selon le délégué régional FO Jérôme Nobécourt, le détenu "arrivé depuis environ trois mois dans l'unité" et qui ne posait "pas de problème particulier", a reconnu devant les policiers avoir prémédité son acte.

Les faits ont eu lieu dimanche après-midi au moment du départ en promenade. "Le détenu a agressé avec une arme artisanale le surveillant venu le chercher", avait indiqué la Chancellerie dans un communiqué dimanche soir. Un collègue venu à son secours a lui aussi été blessé au bras.

Les deux agents étaient parvenus à s'enfuir et le détenu avait été "rapidement maîtrisé". Conduits à l'hôpital, les deux surveillants sont hors de danger. Le surveillant le plus grièvement blessé a eu le "cou traversé de part en part par une espèce de poinçon de 15 cm", selon Jérôme Nobécourt.

Il "dessine un coeur sur une fenêtre avec le sang"

Juste avant l'agression, le surveillant remarque que le détenu sort de sa cellule avec une serviette paraissant dissimuler un objet, poursuit Jérôme Nobécourt. Il lui demande de ramener la serviette dans sa cellule et, alors que le détenu fait semblant d'obéir, il reçoit un premier coup au thorax.

Alors que l'agent prend la fuite, le détenu le poursuit et le frappe "par derrière, dans le cou". Une équipe régionale d'intervention et de sécurité (ERIS) est appelée. Dans l'intervalle, le détenu "dessine un coeur sur une fenêtre avec le sang des collègues et fait sa prière", d'après Jérôme Nobécourt. Puis il "fonce" en direction des renforts, "arme à la main et souriant", avant d'être maîtrisé d'une balle de caoutchouc.

Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, qui s'est entretenu avec les deux blessés, a salué "le sang-froid et le professionnalisme des surveillants et de l'ensemble du personnel de l'administration pénitentiaire".

En France, 5 quartiers dédiés au regroupement d'islamistes

Critique envers les Unités de prévention de la radicalisation (UPRAD), le syndicat pénitentiaire UFAP-Unsa Justice a demandé lundi "l'arrêt immédiat de cette 'hérésie'" et "la mise en place de structures adaptées et sécurisées". "Finalement, ce que l'UFAP-Unsa Justice redoutait tant depuis la mise en oeuvre des unités dédiées est arrivé", a regretté le syndicat.

L'unité de prévention de radicalisation de la maison d'arrêt d'Osny, accueillait 18 détenus avant l'agression, tous en cellule individuelle. Il existe en France cinq quartiers dédiés au regroupement d'islamistes en prison. Ces unités de prévention de la radicalisation sont répartis dans quatre établissements pénitentiaires: Fresnes (Val-de-Marne), Lille-Annoeullin (Nord), Fleury-Mérogis (Essonne) et Osny (Val-d'Oise).

Dans cette dernière avait séjourné le terroriste Larossi Abballa, qui a assassiné un couple de policiers à de Magnanville en juin dernier, entre le 14 mai 2011 et le 26 juin 2012. Durant cette période, l'homme s'est lié d'amitié avec plusieurs individus soupçonnés d'être eux aussi radicalisés, confiaient plusieurs souces à L'Express.

L'Express

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