jeudi 27 septembre 2018

Les prisons n'arrivent pas à recruter des surveillants

Moins de 20% des candidats inscrits se sont présentés au concours de surveillants pénitentiaires qui avait lieu au début du mois de septembre. 

Les prisons n'arrivent pas à recruter des surveillants

Alors qu'une nouvelle session aura lieu en décembre, l'administration pénitentiaire assure travailler sur des pistes pour améliorer le recrutement des 15.000 agents d'ici 2022.



Ils étaient plus de 15.000 à s'être inscrits depuis 6 mois pour tenter de passer le concours de surveillant pénitentiaire. Mais ce 5 septembre, de nombreuses chaises sont restées vides.

En effet, moins de 20% des personnes, qui se sont inscrites jusqu'au 31 juillet dernier, se sont présentés aux épreuves écrites. Une chiffre qui inquiète dans la profession alors que le ministère de la Justice a annoncé le recrutement de 15.000 agents d'ici 2022.

Au mois de janvier dernier, le ras-le-bol du personnel pénitentiaire avait abouti au blocage des établissements afin de dénoncer les conditions de travail.

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Après plus de deux semaines de contestation, une partie des syndicats étaient parvenus à une accord avec leur administration qui s'est engagée sur la création de 1.100 emplois supplémentaires.

Encore faut-il recruter des candidats. "Notre métier n'attire plus personne, déplore Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire. Il ne donne pas envie, on se cantonne à ouvrir et fermer des portes." A cela s'ajoute également les différentes agressions subies par les surveillants.

"La vraie question est celle de l’image du métier, abonde-t-on au syndicat Ufap-Unsa. Comment peut‐on prétendre recruter et être attractif alors que ce métier génère d’importants obstacles à l’épanouissement personnel des agents?"

1.450 euros à l'embauche

Pour devenir surveillant pénitentiaire, l'inscription au concours de l'administration pénitentiaire est obligatoire. Les postulants doivent être âgés entre 19 et 42 ans, être titulaires du brevet des collèges et, entre autre, avoir un casier judiciaire vierge. Après les épreuves écrites, un concours sportif et une épreuve orale achèvent la sélection pour l'entrée à l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (Enap). Une formation de six mois désormais, densifiée et adaptée au métier actuel, assure-t-on à l'administration pénitentiaire. A l'embauche, les agents sont rémunérés 1.450 euros nets par mois.

Lors des épreuves écrites de septembre, seuls 3.000 candidats se sont présentés sur les 15.000 inscrits au niveau national, soit 20%.

En Alsace, le taux a chuté 13%. Au ministère de la Justice, si on reconnait le caractère inquiétant de ces chiffres, on le justifie également par une forte concurrence entre les directions qui recrutent toutes et par un délais un peu trop long entre les inscriptions et les épreuves. Des candidats qui se seraient inscrits en mars dernier auraient eu le temps de trouver un emploi ou de passer d'être acceptés dans une autre formation. Une des pistes de travail est donc de réduire ce délais alors qu'une promotion de 900 élèves vient d'entrer à l'école au mois de septembre.

"Serpent qui se mord la queue"

Pour tenter également de maintenir l'objectif de recrutement de 2.000 agents par an, afin de combler les nouveaux postes, les vacances ou les départs en retraite, une nouvelle session vient d'être ouverte. Si l'accord de mars dernier signé entre le ministère de la Justice et le syndicat Ufap-Unsa prévoit une revalorisation salariale et une prime de fidélisation pour les agents affectés dans des établissements considérés comme difficiles, la solution est loin d'être trouvée pour rendre le métier attractif.

"Il faut travailler sur la redéfinition même du métier, qu'il redevienne l'acteur central de la détention, mais aussi revaloriser de manière significative les salaires", liste Christopher Dorangeville. Outre l'argument financier, pour Ufap-Unsa, le noeud du problème réside dans les conditions de travail: conditions de travail, scolarité payante ou encore accueil des stagiaires, autant de thèmes qu'il faudrait aborder.

"C'est le serpent qui se mord la queue, conclut le secrétaire général de la CGT Pénitentiaire. Nous sommes en sous-effectif, nous ne pouvons pas faire correctement notre métier, moins le métier donne envie et moins nous sommes nombreux à le faire."

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