Interpellée par le député de la 6ème circonscription des Bouches-du-Rhône, la ministre de la Justice a dû s'expliquer sur la présence dans Marseille d'un centre de suivi "en milieu ouvert" pour des personnes condamnées pour des faits "en lien avec une entreprise terroriste".
La garde des sceaux lui a notamment répondu que "ces centres n’avaient rien d’opaque, ni de confidentiel". Et pourtant, Guy Teissier affirme que ni lui, ni le maire de Marseille ou la présidente du département des Bouches-du-Rhône, n'ont été informés de son existence.
Interrogée, l'administration pénitentiaire confirme, tout en restant très discrète sur la localisation de ce centre de suivi "en milieu ouvert" pour détenus radicalisés.
Une dizaine de personnes suivies à Marseille
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Selon nos informations, ce centre se situerait dans un appartement du 6ème arrondissement de la cité phocéenne. Depuis octobre 2018, une dizaine de personnes radicalisées, parmi les 250 en France exécutant leur peine en milieu ouvert, y sont suivis.
"Ce lieu est à Marseille car il y a des personnes radicalisées dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille. Nous ne l’avons pas implanté ici par hasard. Nous sommes là où elles habitent", indique l’administration pénitentiaire.
La direction de l’administration pénitentiaire en partenariat avec l’association Artemis, membre du Groupe SOS, a ouvert ce centre "après celui de Paris, et avant ceux de Lille et Lyon" dans le cadre du programme d’accueil individualisé et de réaffiliation sociale (Pairs).
"S'il y a trop de médiatisation, nous ne pouvons plus bosser. Et ça peut également créer une psychose dans la population."
"Ce n’est que le début du processus. Nous montons en charge progressivement pour accueillir plus de personnes. Mais pour le moment, nous ne tirons encore aucun bilan. Le but est d’annihiler les passages à l’acte", précise l’administration pénitentiaire.
Les pouvoirs publics ne veulent pas connaître les mêmes mésaventures qu’avec le centre de Pontourny. Trop médiatisé, l'unique centre de déradicalisation en France en 2017, controversé dès son ouverture à titre expérimental en septembre 2016, avait dû fermer ses portes.
"S'il y a trop de médiatisation, nous ne pouvons plus bosser. Et ça peut également créer une psychose dans la population"
Un suivi de 10 à 20 heures par semaine
A Marseille, des éducateurs, des psychologues, des conseillers pénitentiaires rencontrent toutes les semaines, durant 10 à 20 heures, ces individus condamnés pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste".
"Les entretiens se passent dans les locaux de l’association mais peuvent se dérouler aussi dans des endroits publics comme un parc. Ce sont des temps d’échanges", explique l’administration pénitentiaire.
Dans la dizaine de personnes suivies, les profils sont tous différents mais "sensibles". Certaines sont par exemple assignées à résidence ou portent un bracelet électronique. "Cela va d’une personne ayant mis un message sur twitter ou commenter un attentat à des gens rentrés de Syrie ou ayant des velléités de départ", affirme l’administration pénitentiaire.
A Marseille, le préfet de police des Bouches-du-Rhône vous convient tout près. Comme le loyer des compagnies aériennes n’est pas effectif pour le procureur de la République de Marseille au préfet, pris encore préfecture des Bouches-du-Rhône.
Un suivi des radicalisés à l'échelle du département
Le suivi des profils radicalisés ne se limite pas à Marseille. Parallèlement, des cellules municipales d’échanges sur la radicalisation (CMER) ont été mises en place depuis 2018, dans une douzaine de communes des Bouches-du-Rhône, indique la préfecture. C'est le cas à Miramas, Istres, Vitrolles ou encore Aix-en-Provence.
Lors de ces réunions, les élus locaux évoquent, au cas par cas, les personnes repérées comme radicalisées sur leur territoire. A terme, le dispositif doit être élargi à vingt-deux communes, dont Marseille.
France 3
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