Hasard de calendrier ou coup monté ? Hier, la prison de Saint-Quentin-Fallavier devait recevoir la visite de trois parlementaires nord-isérois. Tous trois, régulièrement courtisés par les syndicats pénitentiaires sur la situation explosive de la prison, ayant choisi d’effectuer leur rentrée politique sur le terrain pénitentiaire.
Les députés de gauche, Joëlle Huillier et Erwann Binet, avaient prévenu le matin même l’établissement de Saint-Quentin-Fallavier de leur visite surprise à 14 h 30. Le député de droite, Alain Moyne-Bressand, les avait précédés, prévenant l’établissement dès la semaine dernière pour une visite annoncée à 16 heures. Finalement, seuls les députés de gauche ont poussé la porte de l’établissement. Le député-maire de Crémieu préférant reporter sa visite (lire ci-contre).
« Les conditions de travail et de détention à Saint-Quentin-Fallavier sont loin d’être satisfaisantes »
Après deux heures d’une visite guidée par le directeur de l’établissement, les deux députés socialistes ont livré leur sentiment tout en distillant les grands traits de la réforme pénale souhaitée par la Garde des Sceaux, Christiane Taubira.
« C’est ma toute première visite, j’appréhendais beaucoup. J’ai finalement beaucoup appris sur les conditions de détention des prisonniers et de travail du personnel. Il y a beaucoup à faire », confiait ainsi Erwann Binet. Si les deux députés ont souhaité réserver la teneur de leurs propositions à la ministre, ils assurent que « les conditions matérielles de travail et de détention à Saint-Quentin-Fallavier sont loin d’être satisfaisantes ».
Puis d’embrayer sur la politique pénale. « Pour les détenus et la société, la prison doit être un temps utile. Tous les détenus, ici à Saint-Quentin-Fallavier, ont pour vocation de sortir un jour de derrière les barreaux. L’objectif pour la société, les victimes, c’est que les détenus ressortent sans aucune tentation de réitérer. Le tout carcéral du gouvernement précédent est un échec : la récidive est passée de 4 à 12 % en tout juste 10 ans. Car si elle n’est pas utile, la prison ne sert à rien », plaide Erwann Binet.
« Il ne faut pas rendre les détenus plus mauvais que ce qu’ils étaient », poursuit Joëlle Huillier, tout en reconnaissant que la question des moyens, humains et financiers, est incontournable. « Les conditions matérielles, de travail, d’effectifs de l’administration pénitentiaire doivent être à la hauteur des attentes et des exigences ».
À l’évidence, cette visite va permettre aux deux élus de nourrir les prochains débats à l’Assemblée sur la réforme voulue par la Garde des Sceaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire