jeudi 10 octobre 2013

Réforme pénale Taubira - la prison est l'école de la récidive, les chiffres le disent

Manuel Valls et Christiane Taubira se sont longuement écharpés sur la réforme pénale durant l'été. Alors que la ministre de la Justice l'a présentée ce mercredi au Conseil des ministres, le débat fait encore rage autour des chiffres de la récidive et de l'intérêt ou non de continuer à enfermer. Jean-Marcel Bouguereau fait le point.
 

Inévitablement, la nouvelle loi Taubira va provoquer les mêmes polémiques. Et pas seulement à droite puisqu’on a vu cet été, à gauche, la "guerre Valls-Taubira".

Parce qu’il pense que, pour ses fortes ambitions politiques, il lui faut être populaire, Valls veut incarner la sévérité pénale, l’œil bleu et la pose martiale, au mépris des données existantes, préférant la posture au pragmatisme. Il est quand même invraisemblable qu’après des dizaines d’années de polémiques, nos hommes politiques ne soient pas capables de s’appuyer sur des données sûres.
 
L'ambition n'est pas de vider les prisons
 
Il est invraisemblable qu’il ait fallu attendre la conférence du consensus convoquée par Christiane Taubira pour que les experts confrontent pour la première fois les expériences françaises et étrangères ! C’est quand même le b.a. ba que de regarder ce qui s’est fait ailleurs à propos de la récidive et de disposer d’évaluations fiables sur de ce qui marche ou pas dans les autre pays ! 
Car l’ambition du texte n'est pas de vider les prisons, mais bien de prévenir la récidive. On sait depuis longtemps que la prison est souvent l’école du crime mais on l’oublie trop. Véronique Vasseur, ex-médecin chef à la Santé, l’avait en son temps dénoncé comme Pierre Botton, l’un des prisonniers les plus célèbres de la Santé, incarcéré vingt mois pour abus de biens sociaux dans les années 1990 ou Jean-Marie Delarue, nommé contrôleur général des lieux de privation de liberté par Sarkozy.
 
La prison encourage la récidive
 
Les chiffres d’ailleurs sont là : 59 % des détenus sont de nouveau condamnés dans les cinq ans qui suivent leur libération ! Le détail est tout aussi intéressant : les récidivistes sont plutôt condamnés pour les délits les moins graves. 
 
Mais plus on a été condamné, plus on récidive : les libérés qui avaient déjà une condamnation antérieure avant d'être incarcérés en 2002 sont 34% à recommencer. Ces chiffres devraient suffire à faire réfléchir, eh bien non !
 
Ce serait effectivement plus pratique si la prison était la solution. Il suffirait d’y construire plus de places, comme aux États-Unis où tant qu’il y a de la place on les remplit, avec un taux de récidive hallucinant. L'objectif de cette réforme est "d'éviter que les gens sortent de prison tout seuls dans la nature, sans être suivis, on le reproche souvent", a expliqué le Premier ministre en annonçant 1000 postes supplémentaires pour ces fonctions. Cette nouvelle peine, la "contrainte pénale", une alternative à la prison, susceptible d'être prononcée s’adresse à la foule des petits délinquants pas aux criminels ni, bien sûr, aux violeurs d’enfants.

NouvelObs

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