PORTRAIT - Toni Musulin est sorti de prison le week-end dernier. L'ancien convoyeur de fonds est un personnage complexe, capable de génie mais aussi dépassé par sa propre histoire.
Solitaire, taciturne, radin au point d'être surnommé "la pince" par ses coéquipiers, le Toni Musulin d'avant novembre 2009 n'avait rien de la star planétaire qu'il est devenu après son casse rocambolesque.
Pourtant à l'époque, il y a déjà deux Musulin. Il y a celui qui vient pointer dans les locaux de la Loomis au guidon de son modeste VTT avec comme seul loisir apparent la fréquentation d'une salle de musculation de la banlieue lyonnaise. Et il y a l'autre, celui qui achète aux enchères une Ferrari facturée plusieurs dizaines de milliers d'euros et qui dispose de parts dans une SCI à Romans-sur-Isère.
Pourtant à l'époque, il y a déjà deux Musulin. Il y a celui qui vient pointer dans les locaux de la Loomis au guidon de son modeste VTT avec comme seul loisir apparent la fréquentation d'une salle de musculation de la banlieue lyonnaise. Et il y a l'autre, celui qui achète aux enchères une Ferrari facturée plusieurs dizaines de milliers d'euros et qui dispose de parts dans une SCI à Romans-sur-Isère.
Un homme "désagréable" selon les policiers
C'est le 5 novembre 2009 que les deux Musulin se télescopent, quand ses collègues puis la France entière découvrent les secrets du convoyeur. Son incroyable butin de 11,6 millions d'euros, son coup parfait commis sans la moindre violence, cette impression de revanche d'un "sans grade", le rendent immédiatement populaire.
L'homme semble avoir tout prévu. Quand les policiers perquisitionnent son petit F2 quelques heures après le vol, ils découvrent un appartement parfaitement rangé. Le réfrigérateur a été vidé, les draps enlevés du lit, comme si en quittant les lieux le matin même, Musulin était sûr de réussir son coup et de changer de vie.
Dix jours après, sa reddition à Monaco rajoute un chapitre à la légende, même si entre-temps une grande partie du butin a été découverte par les policiers dans un box qu'il avait loué. Les premiers policiers qui l'entendent garderont le souvenir d'un homme "désagréable".
Au cours de son transfert entre Monaco et Lyon, le ton monte avec son escorte qui lui refuse une pause pipi sur l'autoroute. C'est cet incident qui, selon lui, l'amènera à refuser de signer tous les procès-verbaux de son audition en garde à vue.
L'homme semble avoir tout prévu. Quand les policiers perquisitionnent son petit F2 quelques heures après le vol, ils découvrent un appartement parfaitement rangé. Le réfrigérateur a été vidé, les draps enlevés du lit, comme si en quittant les lieux le matin même, Musulin était sûr de réussir son coup et de changer de vie.
Dix jours après, sa reddition à Monaco rajoute un chapitre à la légende, même si entre-temps une grande partie du butin a été découverte par les policiers dans un box qu'il avait loué. Les premiers policiers qui l'entendent garderont le souvenir d'un homme "désagréable".
Au cours de son transfert entre Monaco et Lyon, le ton monte avec son escorte qui lui refuse une pause pipi sur l'autoroute. C'est cet incident qui, selon lui, l'amènera à refuser de signer tous les procès-verbaux de son audition en garde à vue.
Il refuse l'étiquette de Robin des Bois
Il est d'ailleurs loin d'avoir tout dit aux enquêteurs. Plusieurs mois plus tard, à l'occasion de la sortie d'un livre écrit sur son histoire, il révélera que les policiers qui ont fouillé le box n'ont pas vu le double mur qu'il avait construit. Vérification faite, Musulin avait effectivement monté, parpaing après parpaing, un double fond dans le garage, avec un système qui lui permettait d'y glisser les billets de son butin et les cacher. Sauf qu'il n'a pas eu le temps d'utiliser sa cachette. Une anecdote qui résume bien le personnage, capable de génie mais aussi dépassé par sa propre histoire.
Ce sera en tout cas l'une des rares confidences de cet homme, très bavard lorsqu'il s'agit de dénoncer les conditions de travail des convoyeurs, mais beaucoup plus taiseux pour parler de lui et de son casse. Refusant l'étiquette de Robin des Bois, il vit mal la médiatisation de son affaire. Lors de son procès en appel à Lyon en 2011, il brise la porte d'accès au box du tribunal d'un violent coup de pied , juste après avoir aperçu des photographes dans la salle.
Ce sera en tout cas l'une des rares confidences de cet homme, très bavard lorsqu'il s'agit de dénoncer les conditions de travail des convoyeurs, mais beaucoup plus taiseux pour parler de lui et de son casse. Refusant l'étiquette de Robin des Bois, il vit mal la médiatisation de son affaire. Lors de son procès en appel à Lyon en 2011, il brise la porte d'accès au box du tribunal d'un violent coup de pied , juste après avoir aperçu des photographes dans la salle.
Il veut qu'on l'oublie
Incarcéré à Corbas (Rhône) dans une prison flambant neuve façon cube de béton, Musulin est à l'isolement pour lui éviter de mauvaises rencontres. Il en profite pour prendre du muscle et affiche aujourd'hui près de 120 kilos sur la balance. Il refuse les visites -- à l'exception de celles de ses deux avocats --, lit, regarde la télé, fréquente la salle de musculation et devient adepte du Krav Maga, un art martial israélien d'auto-défense réputé redoutable.
Personne ne sait vraiment s'il a reçu le DVD du film 11.6, que lui a envoyé son réalisateur l'année dernière, ni ce qu'il a pensé de cette adaptation très légèrement romancée de son histoire. En fait, Musulin veut qu'on l'oublie. Il aurait d'ailleurs voulu qu'on l'oublie dès les minutes qui ont suivi son vol. Comme si ses rêves de grandeur étaient soudain devenus beaucoup trop lourd à porter.
Personne ne sait vraiment s'il a reçu le DVD du film 11.6, que lui a envoyé son réalisateur l'année dernière, ni ce qu'il a pensé de cette adaptation très légèrement romancée de son histoire. En fait, Musulin veut qu'on l'oublie. Il aurait d'ailleurs voulu qu'on l'oublie dès les minutes qui ont suivi son vol. Comme si ses rêves de grandeur étaient soudain devenus beaucoup trop lourd à porter.
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