jeudi 14 novembre 2013

Agressé en pleine visioconférence

Sur l'écran de la salle d'audience de la cour d'appel, à Angers, hier matin, une interprète tente de négocier en langue tchétchène.
 
Dès la pause déjeuner, hier, les surveillants de prison se sont mobilisés à la sortie de la maison d'arrêt de Coulaines, en soutien à leur collègue sérieusement blessé.
 
Le surveillant de la maison d'arrêt du Mans-Les Croisettes, à Coulaines, est obligé d'intervenir pour que le détenu, récalcitrant, s'assoie face à la caméra, à ses juges et son avocat. Condamné à sept ans de prison pour viol, le 16 septembre, aux assises de la Sarthe, le ressortissant tchétchène de 42 ans a fait appel. Et demande pour l'heure sa mise en liberté.
Quatre tentatives de suicide

« Le dossier est compliqué, les éléments de contestation importants. Pour lui, défend son avocat, Me Berahya, c'est une incarcération injuste : il conteste toute culpabilité. » Après près de six mois de détention provisoire et quatre tentatives de suicide en 2011, il avait été placé sous contrôle judiciaire et donc jugé libre aux assises. « La détention lui est insupportable : il ne parle pas français, est isolé et sa femme n'arrive pas à obtenir de droit de visite. »

Le président commence tout juste à évoquer les faits quand, soudain, le détenu se lève. Il balance sa chaise contre la table. L'interprète sort par sécurité. La caméra est à son tour visée, à plusieurs reprises, avant qu'elle n'explose. Fin de la visioconférence.

Au sein de la prison, le détenu ne se calme pas. Plusieurs surveillants sont appelés en renfort. L'un d'eux est frappé au visage à coup de chaise. « Il y a plein de sang dans le couloir », apprend-t-on à la cour d'appel. Arcade sourcilière ouverte et cloison nasale déplacée, le gardien blessé est évacué à l'hôpital. « Il est en état de choc, précise Karine Lagier, directrice de la maison d'arrêt. Il ne reviendra pas travailler avant un moment. »

La réaction des surveillants pénitentiaires ne s'est pas fait attendre. À l'appel de la CGT, ils se sont mobilisés, pendant l'heure du déjeuner, à l'entrée de la prison, en soutien à leur collègue blessé. Nicolas Izquierdo, responsable CGT, dénonce « ces agressions devenues légion à Coulaines, alors qu'il manque toujours sept gardiens à l'effectif ». Et six premiers surveillants, rappelle la direction. Le site compte 401 places pour 530 détenus actuellement. Un taux d'occupation de 126 %, avec une trentaine de matelas par terre.

L'auteur de l'agression, qui souffre « de troubles du comportement et qui refuse de se soigner », selon Karine Lagier, a été placé en quartier disciplinaire. Il sera jugé en comparution immédiate. Son exclusion de l'établissement sera réclamée lors du conseil de discipline prévu en fin de semaine à la prison. DL;

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