samedi 30 novembre 2013

Repas hallal : le ministère de la Justice va faire appel

Selon la direction de l'administration pénitentiaire, le ministère de la Justice va faire appel de la décision du tribunal administratif de Grenoble qui a enjoint une prison de servir des repas hallal à ses détenus musulmans.

Un surveillant de prison à Fleury-Mérogis le 31 octobre 2013 (photo d'illustration).
 
"Le ministère va faire appel et demander la suspension de l'exécution de l'injonction" de servir ces repas hallal dans les trois mois, prononcée début novembre par le tribunal administratif de Grenoble à la suite de la plainte d'un détenu du centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), a déclaré, ce vendredi, la directrice de l'administration pénitentiaire, Isabelle Gorce.

"La situation telle qu'elle est préserve parfaitement la liberté et l'exercice du culte", a jugé la directrice, soulignant que l'administration "conteste l'analyse du tribunal qui semble considérer qu'on sert du hallal (ailleurs que dans cette prison). Mais c'est faux, on ne sert pas de hallal, ce que l'administration pénitentiaire propose ce sont des repas sans porc, ou végétariens".

C'est impossible à mettre en œuvre dans les établissements pénitentiaires : Isabelle Gorce, directrice de l'administration pénitentiaire
En mars, un détenu, Adrien K., avait demandé au directeur de la prison de permettre aux détenus musulmans de disposer de menus composés de viandes hallal. Le directeur avait refusé de donner suite à cette requête. Adrien K. avait alors saisi le juge administratif, qui a enjoint le directeur du centre pénitentiaire de proposer "régulièrement" des menus composés de viandes hallal "dans un délai de trois mois". Le tribunal administratif de Grenoble a estimé que le principe de laïcité "impose que la République garantisse le libre exercice des cultes" et ne fait donc "pas obstacle à ce que les détenus de confession musulmane se voient proposer des menus comportant des viandes respectant les rites confessionnels de l'islam".

"L'aumônerie musulmane estime que la situation telle qu'elle est préserve parfaitement la liberté et l'exercice du culte", a-t-elle insisté, soulignant que "par ailleurs, en cantine (service d'achats payants, ndlr), les détenus peuvent acheter des produits hallal et il y a une troisième possibilité via les aumôniers à l'occasion des grandes fêtes" religieuses.

"Nous considérons que le respect du principe de laïcité n'oblige pas, bien au contraire, l'administration à servir des repas qui soient conformes à la confession des personnes qu'elle abrite. Elle doit permettre à chacun l'exercice de son culte, mais pas plus", a-t-elle encore dit. "Non seulement nous y sommes hostiles (aux repas religieux), mais nous pensons que c'est impossible à mettre en œuvre dans les établissements pénitentiaires. Ce serait extrêmement compliqué dans tout le système de la chaîne alimentaire actuelle des établissements qui ne sont absolument pas conçus pour servir des repas qui obéissent à des rites confessionnels, hallal ou casher. Nos cuisines ne sont absolument pas pensées pour segmenter de cette manière le service des repas", ajoute-t-elle.

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