vendredi 6 mai 2016

Fleury-Mérogis : une deuxième plainte après l’incendie mortel en prison

Combien de minutes se sont écoulées avant que la porte de la cellule en feu ne soit ouverte ? 

Archives. Le feu a pris le 1er avril, aux alentours de 10 heures, dans une cellule du bâtiment D 5 de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Son occupant, un jeune homme de 31 ans, est décédé.

Pour la famille de la victime — un détenu de 31 ans décédé le 1er avril des suites d’un incendie dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis — la réponse à cette question est essentielle pour comprendre les circonstances du drame.



Ce vendredi, une nouvelle plainte sera déposée sur le bureau du procureur de la République d’Evry, Eric Lallement. Portée par l’avocate d’un détenu d’une cellule voisine, cette dernière vise la « non-assistance à personne en danger » et le « délit d’entrave volontaire à l’arrivée des secours destinés à faire échapper une personne à un péril imminent ».

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« Mon client s’est vu mourir. Il a donné l’alerte quand il a vu la fumée entrer dans sa cellule mais personne ne lui est venu en aide », témoigne maître Sarah Mauger-Poliak. Les téléphones portables ont beau être proscrits en prison, ce détenu en possédait un. « Il a appelé sa petite amie, puis cette dernière m’a contactée pour me prévenir qu’un incendie était en cours », ajoute l’avocate. Au bout du fil, maître Sarah Mauger-Poliak n’en croit pas ses oreilles. Une cellule de la maison d’arrêt est en proie à un incendie et son client, victime de la fumée dans une cellule voisine, appelle en vain à l’aide. « J’ai essayé d’alerter la maison d’arrêt mais je n’ai pas réussi, reprend-elle. J’ai donc appelé le parquet puis j’ai envoyé un fax à la prison. Quand j’ai fini par avoir quelqu’un à la maison d’arrêt, leur seule préoccupation était le téléphone portable de mon client », regrette la jeune pénaliste.

Dans la foulée de la plainte, l’avocate va demander une étude de sa téléphonie, au même titre que celle de son client et de sa petite amie soit réalisée. Ces éléments précis pourraient être d’une importance capitale pour retracer précisément la chronologie des faits et déterminer s’il y a eu, ou pas, des dysfonctionnements dans l’intervention des secours.

Contactée ce jeudi, la direction de la maison d’arrêt n’a pas pu être jointe.

La famille ne croit pas au suicide

Selon les premiers éléments avancés par l’avocat de la famille de la victime, maître Amaury Auzou, et par l’association Robin des lois, le détenu de 31 ans aurait volontairement incendié son matelas, le vendredi 1er avril aux alentours de 10 heures. Toutefois, tous réfutent la thèse du suicide. « Mamadou était arrivé la veille et avait refusé de se soumettre à la radiographie obligatoire pour les arrivants. Cet incendie, c’est un moyen de protester », affirme François Korber, délégué général de l’association Robin des lois. En proie aux flammes, Mamadou aurait alors appelé à l’aide plusieurs minutes avant que les secours n’interviennent. Un délai estimé à une dizaine de minutes par la famille qui s’est portée partie civile. Une information judiciaire a été ouverte le 18 avril par le procureur de la République d’Evry.

Le Parisien

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